Sujet :

Contes Shamaniques

pelerin sur le sentier
   Posté le 23-02-2006 à 20:45:20   

Pourquoi le Coyote hurle t-il?

Pas de Lune ce soir. Le ciel devient sombre et les étoiles apparaissent les unes après les autres. C'est l'heure des contes des chaudes nuits d'été. Au loin les coyotes hurlent. Au fait, pourquoi le coyote hurle-t-il?

Il y a très, très longtemps, aucune étoile ne peuplait le ciel nocturne. Pas une seule. Le jour, il y avait le Soleil. Et la nuit, il y avait la Lune. Certaines nuits, la Lune donnait toute sa lumière. D'autres nuits, la Lune ne donnait qu'une fraction de sa lumière. Et d'autres nuits encore, la Lune ne donnait aucune lumière et, ces nuits-là, il faisait tellement sombre que les animaux étaient effrayés, se perdaient et avaient les plus grandes difficultés pour rentrer chez eux.

Une nuit qu'il faisait vraiment très sombre, ils devinrent particulièrement inquiets. Ils s'en furent trouver le Grand Esprit et sollicitèrent son aide. Le Grand Esprit accepta de les aider à condition que les animaux suivent exactement ses instructions. Les animaux acceptèrent et suivirent les instructions du Grand Esprit. Ils allèrent à la rivière et rassemblèrent toutes les pierres qu'ils purent trouver. Le Grand Esprit leur avait dit de ne prendre que les pierres qui avaient des arêtes affinées et qui étaient suffisamment petites.

Le Grand Esprit prit un de ces galets et le posa dans le ciel. Il devint aussitôt une étoile et commença à scintiller. Les animaux en restèrent admiratifs car personne n'avait jamais vu une telle chose dans le ciel. Le Grand Esprit leur dit que cela serait dorénavant appelé une étoile, qu'elle resterait toujours au même endroit dans le ciel et les aiderait à trouver le chemin de leur maison.

Le Grand Esprit fit encore mieux. Il prit d'autres pierres et les plaça dans le ciel de telle façon qu'elles dessinèrent l'image d'un des animaux. Ils en furent tous émerveillés et le Grand Esprit leur dit de tracer à leur tour leur propre image dans le ciel avec les pierres qu'ils avaient collectées. Mais ils devaient rentrer avant l'aube, car c'était seulement au cours de cette seule nuit magique qu'ils pourraient aller eux-mêmes dans le ciel.

Et ce fut vrai. Les animaux purent s'élever de la Terre vers le Ciel et dessiner leur propre image. Le cygne, le corbeau, l'aigle, et bien d'autres choisirent avec soin l'endroit du ciel où leur image allait briller à jamais.

Comme les animaux commençaient à oeuvrer dans le ciel, le Grand Esprit rappela l'un d'entre eux. Il rappela le coyote et lui demanda de bien vouloir aider les petits animaux, qui n'avaient pu emporter beaucoup de pierres, à terminer leur image. Le coyote accepta, mais à contrecoeur. Au fond de lui-même, il n'en n'avait cure que certains animaux fussent trop petits; il allait être assez occupé à faire sa propre constellation et pesta contre le fait que le Grand Esprit n'avait pas approché un autre animal pour cette tâche. Pourquoi diable était-ce lui qui devait s'en charger?

À force de râler et de grogner, il décida qu'il n'allait pas du tout s'en occuper. Et il se débarrassa des pierres supplémentaires que lui avait remises le Grand Esprit en les lançant ci et là dans le ciel où elles devinrent aussitôt des étoiles scintillant de leur propre lumière. Les animaux tellement occupés à faire leur propre image ne remarquèrent rien de particulier, si ce n'est justement ces étoiles supplémentaires apparaissant ci et là.

Le premier problème sérieux survint lorsque le petit chien, à peine plus grand qu'un chiot, arriva enfin au ciel. Il n'avait que deux pierres pour faire sa propre image et il commença à appeler le coyote à la rescousse. Mais le coyote ne répondit pas. Après un certain temps, de plus gros animaux ayant utilisé toutes leurs pierres se mirent aussi à chercher le coyote pour obtenir des pierres supplémentaires, mais le coyote restait introuvable. Finalement, comme le jour commençait à poindre à l'est, il trouvèrent le coyote profondément endormi et, à côté de lui, un sac vide car il s'était défait de toutes ses pierres.

Comme le jour se levait vraiment, tous les animaux durent rentrer sur la Terre. Certains ne purent jamais achever leur propre constellation. C'est pourquoi, lorsque vous regardez le ciel, certaines étoiles dessinent en effet des images d'animaux, mais d'autres figures ont l'air d'être seulement à moitié terminées; et d'autres étoiles semblent n'appartenir à aucune image, comme si quelqu'un les avait tout bonnement jetées sans précaution dans le ciel.

Mais ce qui advint de pire cette nuit-là fut que le paresseux coyote oublia même de faire sa propre constellation. C'est pourquoi depuis lors, toutes les nuits, le coyote regarde le ciel et voit toutes les images des animaux et toutes ces étoiles dispersées ci et là. Et il est tellement désolé de ce gaspillage et de cette occasion manquée qu'il passe toute la nuit à hurler et à pleurer.

La prochaine fois que vous entendrez un coyote hurler, souvenez-vous comment les étoiles naquirent, mais aussi de ne pas être aussi insensé que le coyote.
Siburdroc
   Posté le 23-02-2006 à 21:34:07   

Merci pelerin pour cette jolie histoire. C'est un très joli conte éthiologique. Si tu en a encore dans le style, perso, j'adore. Si j'en trouve un autre sur la naissance des étoiles, je le mettrai aussi.
Solomon Kane
   Posté le 23-02-2006 à 23:12:23   

Haaaaaaaaaaaa !

C'est génial cette histoire, c'est génial !

J'imagine le contexte : plusieurs années se sont écoulées depuis que le monde tel que nous le connaissons s'est effondré sur lui-même. Après une longue époque d'obscurité où l'homme a perdu tout ce qu'il croyait éternel, la crise s'est enfin dissipée et les êtres humains qui ont survécu à ce cataclysme tentent de reconstruire un monde plus juste où ne seront plus jamais commises les erreurs qui ont précipité l'humanité au bord de l'extinction.

Il n'y a plus de violence, il n'y a que la paix. Il n'y a plus de jalousie, mais la fraternité. L'espoir a supplanté le malheur. Les hommes de ce nouveau temps ont le coeur gonflé d'amour et entièrement tourné vers Dieu. Sur les ruines d'une civilisation barbare, les hommes de demain bâtissent avec trois fois rien une société de lumière.

A la nuit tombée, réunis autour d'un feu de camp à l'orée d'un petit bois, une communauté s'est rassemblée. Les hommes, les femmes et les enfants participent à une longue veillée au cours d'une belle nuit d'été. Les plus anciens, nés avant le grand cataclysme, apprennent à leurs jeunes descendants la valeur d'une vie ainsi que celle du lien qui les relie à la Terre comme au Ciel.

Dans le silence respectueux seulement troublé par le crépitement des flammes, on entend racontée l'histoire du coyote.

Je donnerais n'importe quoi pour faire partie de ce groupe de gens. Peut-être en ferai-je effectivement un jour partie. Peut-être ces magnifiques histoires pourrons-nous les raconter nous-mêmes à cette nouvelle génération qui grandira après l'extinction de l'Ombre. Peut-être que oui...

Dav
Mallory
   Posté le 15-03-2006 à 16:04:05   

voici une belle citation amérindienne:

Mes jeunes gens ne travailleront jamais.
Les hommes qui travaillent ne peuvent rêver et la sagesse nous vient par les rêves.

Vous me demandez de labourer la terre.
Dois-je prendre un couteau et déchirez le sein de ma mère ?
Alors, quand je mourrai, elle ne voudra pas me prendre dans son sein pour que je m'y repose.

Vous me demandez de creuser pour trouver de la pierre.
Dois-je creuser sous sa peau pour m'emparer de ses os ?
Alors, quand je mourrai, je ne pourrai plus entrer dans son corps pour renaître.

Vous me demandez de couper l'herbe, d'en faire du foin, de le vendre pour être aussi riche que les hommes blancs.
Mais comment oserais-je couper les cheveux de ma mère ?

Smohalla, indien nez-percé