Sujet :

Vivre sa vie à fond

Solomon Kane
   Posté le 07-09-2005 à 19:49:56   

Voici venue l'heure de ma petite allocution quotidienne ! Tout à l'heure j'ai fait lire un passage d'un livre intitulé le Grand Livre de la Spiritualité Orientale à ma copine pour faire passer un message suite à des questions un peu agressives qu'elle me posait pendant notre déjeûner. Quel était le fond du problème ? Vivant dans le présent sans nullement me préoccuper du futur, suivant mon instinct et faisant confiance à ma divinité intérieure, j'expérimente ce qu'on appelle le lacher-prise. Je me libère peu à peu de toutes les angoisses formées jusqu'alors par des questions existentielles du genre : " que vais-je devenir si je n'ai plus d'argent? " ou " je n'arriverai pas à vivre si je ne retrouve pas un travail " ou bien encore " est-ce le bon choix de faire ça plutôt que ça? "... Des questions qu'on se pose tous et qui finissent par nous ronger, nous dévorer de l'intérieur jusqu'à ce que leur emprise sur notre mental soit devenue à ce point tenace qu'on se persuade qu'en dehors de ce chemin parcouru par ce qu'on croit être tout le monde il n'y a pas de salut. Le problème n'est pas seulement de se détacher peu à peu de l'aspect matérialiste, ce qui en soit constitue un joli défi, mais il faut également s'engager dans une démarche spirituelle consistant à vivre dans le présent (cf. post d'hier). Ca signifie s'en remettre totalement à Dieu et ne pas s'arrêter aux difficultés. Une difficulté est faite pour être surmontée. De votre capacité à ne pas fléchir dès le premier obstacle dépendra votre rapidité à élever votre âme vers des niveaux de conscience plus élevés. Mais voici ce que dit le livre, qui constitue en soi une bonne introduction à mon sujet :

"Avec l'avènement de l'ère technologique et industrielle, nous avons peu à peu divinisé le progrès matériel, c'est-à-dire projeté à l'extérieur de nous-mêmes les clés de notre bonheur et de notre accomplissement possible. Nous nous sommes enfermés de plus en plus dans une situation où nous attendons tout du système. L'institution a revêtu un caractère quasiment sacré. Nous exigeons qu'elle nous prodigue sécurité, santé, confort, bien-être, liberté, réussite dans tous les domaines. C'est l'infaillible machine à combler notre égo, la promesse d'un bien absolu - perpétuellement remis à demain : "quand tel parti sera au pouvoir, quand on aura résolu le chômage... quand on aura vaincu le cancer... quand on aura le téléphone télépathique et la pilule à orgasme...". Nous nous plaçons ainsi dans une position terriblement frustrante et angoissante, car nous investissons l'ordre social d'une mission salvatrice à la fois inflexible et désastreuse. Le système - Etat, parti, syndicat, entreprise - étant à nos yeux l'incarnation obligatoire du Bien suprême, nous nous mobilisons dans un projet névrotique de cité radieuse et parfaite, ce qui revient à sacrifier constamment la réalité ici et maintenant, au nom d'un paradis futur aussi fuyant et fallacieux que la ligne d'horizon.

Et nous en arrivons à prendre le système, la loi, la structure, horriblement au sérieux. C'est la grande idole omniprésente dont les médias entretiennent un culte exacerbé, par une dramatisation de l'information, comme si le règne de la justice, de l'harmonie, de l'amour pouvait vraiment dépendre de telle décision gouvernementale, de telle conférence, ou de telle élection. L'histoire le démontre amplement : dès qu'on veut imposer le bien, on déclenche un sanglant cercle vicieux d'oppression et de révolte. C'est une tension et une crispation sans fin. Lorsqu'on attend tout d'un ordre extérieur, la moindre défaillance provoque la colère et le désespoir.

Voilà le point crucial : en Occident, le contexte social est un cadre absolu où l'individu est verrouillé, cloisonné de la naissance à la mort. On peut évoluer plus ou moins à l'intérieur du cadre, changer d'immatriculation ou de rubrique, mais on ne peut pas sortir de la structure elle-même."


Vous êtes vous reconnu dans cette description ? Personnellement, bien avant de me mettre sur les rails d'un développement spirituel, j'avais déjà cette désagréable sensation d'être dans une sorte de prison dorée où chaque liberté provisoire avait un prix. Je voyais la vie comme une succession de phases obligées dans la vie de l'individu : l'éducation, la voiture, le mariage, un métier, des enfants, une maison... Je croyais enfant que tout le monde vivait selon ces lois. Mais mon envie d'émancipation, ma sensation d'oppression grandissant, a rapidement pris le dessus et, chemin faisant, j'ai réalisé qu'on pouvait se soustraire peu à peu à ces règles. Nous ne sommes pas des esclaves. Nous sommes des hommes avec un certain idéal de la vie. Et combien d'entre nous range cet idéal au placard tellement la pression de la société les fait culpabiliser à seulement y songer ? J'avais écrit un texte intéressant il y a 5 ans, à l'époque où je décidais d'envoyer tout valser et de vivre ma vie en accord avec mon idéal. Bien avant la spiritualité, je me suis épanoui à travers le voyage. Mais ce que j'explique pourrait parfaitement trouver écho chez le lecteur frustré par une vie qu'il a l'impression de ne justement pas vivre. Et peut-être mes mots feront-ils office de déclencheur. Les voici :

"L’aventure. Le voyage. La découverte. De simples mots ouvrant grande la porte vers le rêve. Leur seule mention suffit à l’esprit pour se mettre inexplicablement à vagabonder sur d’imaginaires chemins, distinguant de flous horizons emplis de promesses. Pour beaucoup ils demeureront au stade du fantasme éveillé, vécu au détour d’un reportage télévisé ou d’un article dans un magazine de voyage. Qu’est-ce qui retient alors le pied fourmillant d’impatience de l’homme ? Un foyer ici. Une situation là. Du temps et des moyens souvent. La peur de l’inconnu, l’angoisse de se jeter à l’eau. Le retour à la raison et la réexpédition tragique du rêve dans ses quartiers d’hiver. L’alléchante saveur de l’exploration est vite dissipée par le rappel à l’ordre d’un confort et d’une sécurité matérielle qui ne sont pourtant que poudre aux yeux. C’est à ce moment-là que le choix se fait. C’est précisément à cet instant que vous vous laissez emporter par vos rêves ou que vous les mettez au grenier dans la malle poussiéreuses des envies inachevées et des regrets à venir.
Comme on décide naturellement d’être plutôt gaucher que droitier, on choisit d’être voyageur plutôt que sédentaire. Deux philosophies antagonistes qui se font face sans jamais parvenir à se comprendre. Deux profils humains qui s’opposent. L’un est prisonnier de son univers quotidien, vivant pour travailler et travaillant pour vivre, soumis et résigné, subissant un enfermement physique et mental qu’il appelle le confort. Une cage dorée dont beaucoup se contentent, se partageant entre la tradition de la famille et d’une activité professionnelle tenant plus du labeur que du plaisir. J’exagère ? Alors comment expliquer ces mouvements de foule au moment des vacances, véritable ruée vers l’or. Les gens fuient leur quotidien, courent après le dépaysement. Besoin d’autre chose. Et comme je les comprends.

Si d’aucun se satisfont de cet esclavage déguisé à un système, d’autres en restent perpétuellement frustrés. Et d’autres encore ont fait le choix judicieux d’y échapper, jureant allégeance à la liberté de leurs faits et gestes, s’abandonnant à leur dévorante passion du voyage. Qu’y cherchent-ils et qu’y trouvent-ils ?

L’exploration du monde est d’abord une découverte de soi, un accomplissement personnel, une recherche de son identité propre et non de celle, factice, qu’on tente tout au long de notre éducation de nous façonner pour faire de nous de respectables et productifs citoyens. Quel est cet élément déclencheur qui pousse des êtres humains à repartir de zéro afin de tendre vers leurs idéaux ? Le rejet d’une pénible routine ? La sensation de non-vie ? L’écoeurement à l’égard de rapports sociaux chaque jour plus dégradés ? L’envie d’ailleurs tout simplement ? La réalisation d’une sorte de quête spirituelle se nourrissant de l’osmose avec la nature ? Ou peut-être un peu de tout ça en même temps ?

Qu’il n’en déplaise et malgré cette peur sourde qui nous tenaille de l’intérieur, l’essentiel est de vivre selon ses passions, sans regret et sans remord. Sans concession. Le péril est grand et l’avenir pavé d’incertitudes. Mais l’esprit libéré rebondit de rêves en envies, d’envies en projets et de projets en réussites. Il serait réducteur et caricatural de désigner les salariés résignés comme les mauvais exemples. La vie au grand air ne convient pas à tous les individus. Il serait par contre juste et nécessaire de donner du courage à ceux qui, plein de doutes, ne parviennent pas à franchir le pas les séparant de leur véritable identité. J’en connais. Ils se torturent l’esprit, pesant indéfiniment le pour et le contre, terrifié à l’idée de tout perdre pour ne peut-être rien gagner ensuite. J’en connais oui, lassés de leurs vies journalières, répétitives, monotones et se réfugiant dans leurs rêves pour échapper à cette emprise pesante. J’en connais de plus en plus. J’en fus personnellement."


Au jour d'aujourd'hui j'ai nettement progressé quant à ma perception du monde, des choses, de la vie en général. A force d'expériences liées au voyage - ici il s'agissait de la traversée à pied des Pyrénées pendant deux mois - j'ai acquis une nouvelle façon de penser. Mon entrée dans la spiritualité, évolution logique, n'a fait qu'accélérer le processus et désormais je comprends ce principe universel : celui qui marche dans la confiance et l'amour de Dieu ne manquera jamais de rien. Ca peut sembler totalement insensé à l'esprit obsédé par son emploi, sa carrière, le remboursement de ses crédits... Mais les faits sont là : nous créons nous même nos propres peurs à force de projections dans l'avenir. Nous ne croyons pas assez en nous, pas davantage qu'en notre pouvoir intérieur. Vous avez ce pouvoir comme je l'ai, comme nous l'avons tous. Mais saurons-nous renouer le dialogue avec lui sachant que ce pouvoir ne s'obtient pas dans le carcan de nos sociétés occidentales ? Jusqu'où serez-vous prêts à aller pour qu'il se révèle enfin en vous ?

"sachez qu'il existe une substance invisible au milieu de laquelle nous vivons et évoluons. En elle se trouvent toutes les choses bonnes et parfaites que l'homme peut désirer. Elles n'attendent que l'expression de sa foi pour être dégagée et manifeste."

Et cette énergie c'est l'Amour qui la déclenche. Pas l'amour tel que vous le connaissez dans vos relations amoureuses. Non il est ici question de ce sentiment profond et universel qui relie toute chose et tout être ensemble. "Aimer c'est ouvrir le réservoir illimité des trésors d'or de Dieu. Quiconque aime ne peut s'empêcher de donner. Or donner c'est gagner. Ainsi le veut l'accomplissement de la loi d'amour. En donnant, nous mettons en mouvement la loi infaillible "mesure pour mesure". En donnant sans arrière pensée de recevoir, on ne peut éviter de recevoir, car l'abondance donnée vous est retournée." Mais soyez honnête avec vous en appliquant cette loi car si l'homme peut se mentir à lui-même, il ne peut en revanche mentir à son Soi.

Voilà ! Ca suffira pour aujourd'hui ! Je voulais enchainer sur un message s'adressant à ceux qui font des efforts énormes pour s'accorder selon ce mode de vie et de pensée et qui ont le sentiment de ne rien obtenir en retour. Mais ça fera trop pour aujourd'hui ! Peut-être en reparlerons-nous une autre fois !

Bonne soirée !

Dav
kAzIm
   Posté le 07-10-2005 à 16:34:56   

Je n'ai pas là même facilité à écrire et la plume aussi fine que notre ami Solomon mais j'avais envie d'intervenir sur ce sujet qui m'est si cher, qui m'a vu grandir et qu'on aborde souvent dans mon entourage. Je côtoie en effet pas mal de personnes qui travaillent la semaine à des boulots qui ne leur plaisent pas pour pouvoir véritablement voyager le week end ou pendant les grandes vacances. Qu'est ce qui revient finalement dans leur vision des choses? Une sensation d'enfermement, de mal être et d'absence de progression dans un pays où beaucoup travaillent par nécessité et non par réel intérêt.. Beaucoup se disent vouloir rejeter le systême matérialiste et essaient de s'éloigner du circuit commercial tout en partageant des valeurs d'échange, de respect de la nature .. et partent pendant les 3 mois d'été sur les routes à vendre des t-shirts dans les festivals.. Qu'est-ce que leur apportent ces différents voyages ? Des rencontres, une réelle sensation de liberté, d'oublier un peu la télé et toutes ces émitions pourries qu'on a tous regardé parce qu'on avait pas envie de réfléchir.. Ils apprennent aussi à se découvrir, à découvrir d'autres manières de vivre, à s'entraider, à voir que les choses matérielles ne sont que secondaires..et à voir que leur réelle volonté est ailleurs.
Et pourtant hé bien oui la rentrée approche et voilà il faut bien reprendre le travail à un moment ou à un autre.. Retourner à un même travail ennuyeux en se disant que les prochaines vacances ne sont pas si loin .. Personnelement j'ai la chance de faire un métier qui me passionne et pour lequel je n'ai pas de contraintes.
Pas mal de mes amis n'ont pas cette chance et pourtant beaucoup ont du talent que ce soit dans le dessin, la musique ou autres. Je pense que le voyage a pu nous faire comprendre certains aspects futiles de nos vie et que les choses importantes se trouvaient ailleurs.
Il est dur de vivre de ses passions et ça peut supposer effectivement de s'embarquer dans une aventure où la sécurité matérielle du chèque en fin de moins est plus qu'improbable.
Et pourtant quelle satisfaction..! J'encourage moi aussi les personnes qui s'accrochent à suivre leur voie en général et je n'ai plus qu'une chose à dire :Vive le voyage !
Je conseille avant de partir un livre très intéressant sur ce sujet qui s'intitule "Cyclo-nomade : Sept ans autour du monde" de Jacques Sirat. Et je ferai prochainement, dès que j'ai un peu de motiv, un sujet sur les travellers, la musique électronique et le techno-shamanisme.
Voilou, bien à vous kAzIm
arcane
   Posté le 26-03-2006 à 10:50:11   

je rajoute une couche a ce que a dis Solomon.kane..

suite a une réflexion nocture après avoir lu sur les effets des drogues plus l'actualité en général.

Je me rends qu'en fin de compte qu'on est toujours dépendant de quelque chose s'y on prends pas garde.

Par exemple en France il y a l'une des plus grande consomation d'antidépresseur? pourquoi donc?....

Le prendre ces produits ce n'est pas une manière de faire taire notre âme pour éviter de l'entendre. Avec le nombre de discussion que j'ai eu sur caramail et ailleur, j'ai toujours cette sensation que tout ce qui est antidouleur, ect c'est normal d'en prendre au lieu de trouvé la raison de la douleur, bon la je me perds c'est en réalité c'est le sujet ce corps un grand bavard qui n'écoute pas..

Sommes nous libre de faire ce qu'on veut? réponse oui et non et voilà je repars sur un autre sujet le libre arbitre dont a déjà parlé

moi je dis qu'on peut vivre sa vie a fond sans produits quelqu'il soit en regardant le soleil couchant, en appréciant chaque petit chose, la beauté d'une fleure, un sourire d'une personne dans une journée, sentir l'odeur du pain qui cuit passant près d'une boulangerie



le chat de jade un peu comme le printemps

Message édité le 26-03-2006 à 14:20:55 par le_chat_de_jade
pelerin sur le sentier
   Posté le 26-03-2006 à 13:57:42   

juste une petite remarque... vivre à fond sa vie, c'est vivre pleinement ce que nous sommes interieurement, s'exprimer totalement. Et avant d'aller chercher drogue, pour les sensations, qui nous donne ce ressenti de vivre à fond, je pense qu'il faut aller "gouter les sensations" de notre etre Interieur....