Sujet : Par 4 Chemins: les Enseignements de Don Juan | | Posté le 14-02-2006 à 19:59:04
| J'ai cherché sur la toile un texte qui résume bien l'enseignement de Juan Matus (via les ouvrages de Carlos Castaneda). Et j'ai enfin trouvé une page ou le sujet est parfaitement traité. Source: http://www.radio-canada.ca/par4/special/donJuan_enseignement_intro.html Il s'agit de l'enseignement d'un sorcier Yaqui. Comme je l'ai dit dans un autre topic, par "sorcier" n'y voyez rien de péjoratif. La sorcellerie Yaquis n'a rien d'une forme de charlatanisme, elle s'inscrit dans une lignée ancestrale qui remonte depuis les temps antiques par transmission orale et dont Carlos Castaneda a su rendre accessible aux lecteurs/chercheurs de l'Indiscible. J'avais évoqué le concept de Nagual/Tonal, sur le tchat du forum et comme je sais que cette notion est complètement étrangère à nombre d'entre vous, vous en trouverez un résumé en deuxième partie. Je compte subdiviser les enseignements de Juan Matus en plusieurs posts pour une lecture plus aérée et confortable. N'hésitez pas à poster vos commentaires.
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INTRODUCTION En 1960, Carlos Castaneda, un jeune chercheur en ethnologie de l'Université de Californie (Los Angeles) entreprend des recherches sur l'utilisation de certaines plantes hallucinogènes chez les indiens Yaqui du Mexique. Il rencontre à cet effet don Juan Matus, un vieux sorcier qui met bien du temps à répondre aux questions spécifiques du jeune chercheur sur ces plantes. Une amitié s'installe cependant et petit à petit, Carlos devient l'apprenti de don Juan. Neuf livres paraissent entre 1971 et 1993 racontant les dix années d'un apprentissage difficile sur la voie de la connaissance et de la sagesse. On y apprend que l'être s'engageant sur la voie de la connaissance devra passer par quatre étapes, quatre états qui l'épureront tout au long de sa vie tout en augmentant son capital énergétique. 1. Apprenti 2. Guerrier 3. Sorcier 4. Voyant * " Don Juan me dit que son benefactor lui apprit aussi ce que les nouveaux voyants considèrent comme les quatre étapes jalonnant la voie de la connaissance. La première étape, pour les profanes, consiste à décider de devenir apprenti. Après avoir changé d'optique sur eux-mêmes et sur le monde, les apprentis franchissent la seconde étape et deviennent des guerriers, c'est-à-dire des êtres capables de la plus grande discipline et du plus grand contrôle de soi. La troisième étape, après l'acquisition de l'endurance et du sens du minutage, consiste à devenir des hommes de connaissance. Lorsque les hommes de connaissance apprennent à voir, ils ont franchi la quatrième étape et sont devenus des voyants. " Le feu du dedans, p.33 Il s'agit d'un enseignement circulaire, donc nullement linéaire. Toutes les étapes se vivent ensemble au fil des années. Mais le focus sera mis sur certaines acquisitions à faire, à certaines périodes, selon la personnalité et les capacités de l'être qui s'engage sur la voie. Écoutons don Juan, un homme de 70 ans en paix avec lui- même et avec les mondes qui l'entourent, plein d'énergie, d'humour et de sagesse.
Message édité le 14-02-2006 à 20:00:14 par glingal |
| | Posté le 14-02-2006 à 20:17:17
| 1) L'APPRENTI a) Devenir apprenti Comment devient-on apprenti sorcier? * (Don Juan) : " Un maître ne cherche jamais d'apprentis et personne ne peut solliciter ses enseignements.' ' Histoires de pouvoir, p.308 * (Don Juan) : " Un nagual (chef, maître de clan) ne peut pas choisir ses apprentis de son propre gré ou selon ses propres calculs. Mais une fois que la volonté de l'esprit lui est révélée par des présages, le nagual n'épargne aucun effort pour le satisfaire. " La force du silence, p.56 * (Don Juan) : " Seul un toqué entreprendrait volontairement la tâche de devenir un homme de connaissance. C'est par la ruse qu'on y engage l'homme équilibré. " Voir p.43 Pourquoi donc la ruse? * (Don Juan) : " La difficulté que nous éprouvons [...] vient de ce que la plupart d'entre nous refusent d'accepter que nous ayons besoin de si peu pour poursuivre notre chemin. Nous sommes conditionnés à attendre une instruction, un enseignement, des guides, des maîtres. Et quand on nous dit que nous n'avons besoin de personne, nous ne le croyons pas. Cela nous inquiète, puis nous rend méfiants, et finalement furieux et déçus. Si nous avons besoin d'aide, ce n'est pas de celle des méthodes, mais de celle de l'intensité. Si quelqu'un nous rend conscients du fait que nous devons réduire notre suffisance, alors il s'agit d'une aide véritable. " La force du silence, p.166-167 De plus, une des étapes sur la voie consistait en : * "... un jeu meurtrier de l'esprit avec lui-même et une partie de mon moi allait faire son possible pour m'empêcher d'accomplir cette tâche. Cela pouvait impliquer la perte de la raison, la mélancolie ou même la dépression suicidaire. " Histoires de pouvoir, p.23 En effet, au bout de quatre ans d'apprentissage, Carlos mit fin à ses visites à don Juan. * " La méthode d'enseignement de don Juan réclamait un effort extraordinaire de la part de l'apprenti, et de fait, le niveau de participation et d'engagement qu'il exigea de moi fut tel que vers la fin de l'année 1965 j'abandonnai mon apprentissage. [...] Les enseignements de don Juan avaient alors commencé à sérieusement miner mon ‘ idée du monde ’. Je veux dire par là que ma certitude sur la vie de tous les jours, que nous partageons tous et que nous considérons comme naturelle, commençait à être sérieusement mise en doute. " Voir p.17 Cependant, trois ans plus tard, Carlos revint rendre visite à don Juan. * " Je commençai à cette occasion un second cycle d'apprentissage très différent du premier. " Voir p.17 Carlos avait surmonté sa peur, le premier ennemi naturel de l'être engagé sur la voie de la connaissance : * (Don Juan " Lorsqu'un homme commence à apprendre, ses objectifs ne sont jamais clairs. Son dessein est vague, ses intentions imparfaites. Il espère en tirer un bénéfice qui ne se matérialisera jamais, dans son ignorance des difficultés de l'étude. Il commence ensuite lentement à apprendre – par petits fragments d'abord, puis par vastes pans. Bientôt ses pensées se heurtent, ce qu'il apprend n'est pas ce qu'il avait imaginé, cela n'a pas l'aspect qu'il attendait, il prend peur. Le savoir est toujours inattendu. Chaque étape soulève une nouvelle difficulté, et la peur commence à envahir l'homme. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.86 * " Don Juan déclara indispensable une certaine légèreté et docilité pour pouvoir résister au choc et à l'étrangeté de la connaissance qu'il enseignait. " Voir, p.17 * (Don Juan " La première étape consiste à décider de devenir apprenti. Après avoir changé d'optique sur eux-mêmes et sur le monde, les apprentis franchissent la seconde étape et deviennent des guerriers. " Le feu du dedans, p.33 Ce qu'il y aurait à retenir de la phase d'apprentissage serait donc de surmonter la peur. Une fois ce pas franchi, l'apprenti n'hésite plus, s'engage sur la voie et fait confiance à son maître pour que celui-ci le guide. En fait, un apprenti aura deux guides : un sera appelé maître et l'autre, benefactor. Carlos a comme maître don Juan. * (Don Juan " Un apprenti est quelqu'un qui s'efforce de clarifier et de ranimer son lien avec l'esprit. Une fois que le lien revit, il n'est plus un apprenti, mais jusque-là, pour avancer, il a besoin d'une résolution féroce, ce qui, évidemment, lui manque. Alors il permet au nagual de lui procurer la résolution et, pour ce faire, il doit renoncer à son individualité. Voilà la difficulté. [...] Les volontaires ne sont pas bien accueillis dans le monde des sorciers parce qu'ils ont déjà une résolution propre, ce qui leur rend la tâche particulièrement difficile lorsqu'il s'agit de renoncer à leur individualité. " La force du silence, p.57 Durant ses quatre premières années d'apprentissage, Carlos rendit visite régulièrement à don Juan. Que s'est-il passé durant cette période? Tout d'abord, de très longues marches, en silence, dans les déserts et montagnes du Mexique. Le but avoué de don Juan était la cueillette de ‘ plantes de pouvoir ’ mais en réalité le maître commençait à imposer à son apprenti l'arrêt de son dialogue intérieur. * (Don Juan " L'accès au monde des sorciers s'ouvre lorsque le guerrier a appris à arrêter son dialogue intérieur. Changer notre représentation du monde, voilà le point crucial de la sorcellerie. Et la seule façon d'y parvenir c'est d'interrompre le dialogue intérieur. " Histoires de pouvoir, p.27 * (Don Juan " Interrompre le dialogue intérieur est effectivement la clé du monde des sorciers. Les autres activités ne sont que des soutiens; elles ne servent qu'à hâter l'effet de l'interruption du dialogue intérieur. " Histoires de pouvoir, p.313 Ensuite, il y eut les expériences de fumer, de mâcher ou d'ingérer des plantes de pouvoir. * " L'effet extraordinaire que les plantes psychotropiques avaient produit sur moi m'avait induit en erreur, en me faisant croire que leur utilisation était le trait capital de l'apprentissage. Je m'étais accroché à cette conviction, et ce ne fut que dans les dernières années de mon apprentissage que je découvris que les transformations significatives et les découvertes des sorciers étaient toujours faites dans des états de lucidité. " Histoires de pouvoir, p.319 * " Sous l'influence de ces psychotropiques, ma perception du monde fut tellement bizarre et impressionnante que j'en étais venu à supposer que ces états constituaient l'unique voie pour communiquer et apprendre ce que don Juan essayait de m'enseigner. Cette supposition était erronée. " Le voyage à Ixtlan, p.7 * " Pourquoi m'avez-vous fait prendre ces plantes de pouvoir autant de fois? " demande Carlos. (Don Juan) : " C'est parce que tu es bouché. [...] Il y a toutefois d'autres catégories de gens qui n'en ont pas besoin. " Histoires de pouvoir, p.14-15 * (Don Juan " Les plantes de pouvoir ont eu sur ton tonal l'effet de le déborder d'information et ont obligé le dialogue intérieur à s'interrompre. Les plantes sont excellentes pour ça, mais très coûteuses. Elles produisent un dommage immense au corps. " Histoires de pouvoir, p.320 Enfin, cette période permit à don Juan d'exposer les fondements de son enseignement. Pour les comprendre, il est impératif de connaître la signification d'un vocabulaire particulier à son monde. a) Tonal/Nagual – Totalité de soi-même b) Point d'assemblage c) Première, seconde et tierce attention. b) Tonal/Nagual – Totalité de soi-même * (Don Juan " Chaque être humain a deux côtés, deux entités distinctes, deux parties contraires qui prennent force au moment de la naissance; l'une s'appelle tonal, l'autre, nagual. " Histoires de pouvoir, p.161-162 * (Don Juan " Le côté droit, appelé le tonal, comprend tout ce que l'intellect peut concevoir. Le côté gauche, appelé le nagual, est un domaine échappant par nature à toute description, un monde impossible à enfermer dans des mots. " Le don de l'aigle, p.153 À propos du tonal : * (Don Juan " Le tonal, c'est la personne sociale. [...] Tout ce que nous connaissons et tout ce que nous faisons en tant qu'hommes est l'œuvre du tonal. " Histoires de pouvoir, p.163 * (Don Juan " Chacun de nous possède son propre tonal, mais il existe aussi un tonal collectif, propre à un moment donné, qu'on peut appeler le tonal de l'époque. " Histoires de pouvoir, p.167 * " Ce que don Juan s'était efforcé de vaincre, ou plutôt de supprimer en moi, ce n'était pas ma raison en tant que capacité de penser rationnellement, mais mon ‘ attention du tonal ’, c'est-à-dire ma conscience du monde du sens commun. " Le second anneau de pouvoir, p.329 À propos du nagual : * (Don Juan " Le nagual est l'indicible. Tous les sentiments possibles, tous les êtres et les personnalités imaginables flottent en lui comme des chalands, paisiblement, immuablement, éternellement. " Histoires de pouvoir, p.357 * (Don Juan " C'est le corps, et non la raison, qui peut témoigner des faits du nagual. " Histoires de pouvoir, p.209 À propos du tonal et du nagual : * (Don Juan " Dès notre naissance, nous avons l'intuition des deux parties qui existent en nous. À notre naissance, et pendant un certain temps, nous ne sommes que nagual. Nous sentons intuitivement qu'il nous faut une contrepartie pour fonctionner. Le tonal nous manque, et cela nous donne, dès le début, un sentiment d'incomplétude. Puis le tonal commence à se développer et devient capital pour notre fonctionnement, tellement important qu'il offusque l'éclat du nagual et l'écrase. À partir du moment où nous devenons entièrement tonal, tout ce que nous faisons par la suite est d'accroître cet ancien sentiment d'incomplétude, qui nous accompagne dès la naissance et qui nous dit constamment qu'il nous manque une autre partie pour être complets. " Histoires de pouvoir, p.170 * (Don Juan " Nous savons intuitivement que nous avons une deuxième dimension, mais quand nous essayons de la cerner, le tonal prend la direction des choses et, en tant que chef, il se montre très mesquin et jaloux. Il nous éblouit de son astuce, et nous force à oblitérer complètement l'autre composante du couple véritable, le nagual. " Histoires de pouvoir, p.172 * (Don Juan " Le tonal doit renoncer au contrôle. Mais il faudrait le lui faire faire de bon gré. [...] Le tonal est forcé de se débarrasser de choses inutiles, telles que la suffisance et le laisser-aller, qui ne font que le plonger dans l'ennui. Le problème c'est que le tonal s'accroche à ces choses-là, alors qu'il devrait se réjouir de se débarrasser de ces conneries. Il s'agit donc de convaincre le tonal d'être libre et fluide. " Histoires de pouvoir, p.208 Cependant : * (Don Juan " Le tonal doit être protégé à tout prix. Il faut lui arracher la suprématie, mais il doit rester en tant que surveillant protégé. " Histoires de pouvoir, p.213 * (Don Juan " Il n'est pas possible de parvenir à l'explication des sorciers, si on n'a pas utilisé volontairement le nagual, ou plutôt, si on n'a pas utilisé volontairement le tonal, afin de donner un sens à ses propres actes, dans le nagual. Autrement dit, la représentation du tonal doit prévaloir, si l'on veut se servir du nagual à la manière des sorciers. " Histoires de pouvoir, p.356 * (Don Juan " Le tonal de chacun de nous n'est qu'un reflet de cet inconnu indescriptible rempli d'ordre; le nagual de chacun de nous n'est que le reflet de ce vide indescriptible, qui contient tout. " Histoires de pouvoir, p.364 * (Don Juan " Le nagual est séduisant, au-delà de toute expression, et les guerriers qui voyagent en lui trouvent que le retour au tonal, au monde de l'ordre, du bruit et de la souffrance, n'est pas bien attrayant. " Histoires de pouvoir, p.372 * (Don Juan " Les deux côtés d'un être humain sont entièrement séparés et il faut beaucoup de discipline et de résolution pour briser ce sceau et passer d'un côté à l'autre. " Le don de l'aigle, p.212 On pourrait résumer en disant qu'une étape importante à franchir est celle qui consiste à prendre conscience de la nature du nagual et du tonal en nous et aussi à reconnaître le rôle de chacun. Tout ceci afin de mettre en œuvre les activités qui nous feront parvenir à la totalité de nous-mêmes. * (Don Juan " Après toute une vie de combat, j'ai appris que ce qui compte n'est pas d'acquérir une description nouvelle, mais de parvenir à la totalité de soi-même. On devrait parvenir au nagual sans dire du mal du tonal et surtout sans nuire à son corps. " Histoires de pouvoir, p.322 * (Don Juan " Briser la coquille signifie se souvenir de l'autre moi et parvenir à la totalité de soi-même. " Le don de l'aigle, p.206 * (Don Juan " S'il nous faut mourir avec la totalité de nous-mêmes, pourquoi ne pas vivre alors avec elle? " Histoires de pouvoir, p.178 c) Point d'assemblage " Les principes de base : 1. 1. L'Univers est une agglomération infinie de champs d'énergie. 2. Ces champs d'énergie, rayonnent à partir d'une source aux proportions inimaginables appelée métaphoriquement l'Aigle. 3. Les êtres humains sont également constitués par un nombre incalculable de ces mêmes champs d'énergie. Ces émanations forment une agglomération fermée qui se présente comme une boule de lumière. 4. Seul un tout petit groupe de champs d'énergie situés dans cette boule lumineuse est éclairé par un point d'une brillance intense qui se trouve sur la surface de la boule. 5. La perception se produit lorsque les champs d'énergie de ce petit groupe, qui entoure de très près le point de brillance, projettent leur lumière de façon à illuminer des champs d'énergie identiques se trouvant en dehors de la boule. Comme les seuls champs d'énergie perceptibles sont ceux qui sont éclairés par le point de brillance, on appelle ce point le ‘ point où la perception s'assemble ’ ou simplement le ‘ point d'assemblage ’. 6. Le point d'assemblage peut se déplacer [...] vers une autre position, que ce soit à la surface, ou vers l'intérieur. Comme la brillance du point d'assemblage peut éclairer n'importe quel champ d'énergie avec lequel il entre en contact, il fait immédiatement briller de nouveaux champs d'énergie et les rend perceptibles lorsqu'il s'est déplacé vers une position nouvelle. Cette perception est appelée voir. 7. Quand le point d'assemblage bouge, il permet la perception d'un monde tout à fait différent – aussi objectif et aussi réel que celui que nous percevons en temps normal. Les sorciers vont dans cet autre monde pour y trouver de l'énergie, de la puissance, des solutions à des problèmes généraux ou particuliers, ou pour affronter l'inimaginable. 8. L'intention est la force universelle qui nous fait percevoir. Nous ne devenons pas conscients parce que nous percevons; en fait, nous percevons à cause de la pression et de l'intrusion de l'intention. 9. L'objectif des sorciers est d'accéder à un état de conscience totale afin d'expérimenter toutes les possibilités de perception qui s'offrent à l'homme. " La force du silence, p. 15-16 Comment déplacer le point d'assemblage et quels sont les résultats de ce déplacement? * (Don Juan " Tout est dans le déplacement du point d'assemblage, mais cela ne sert à rien de le déplacer si ce n'est pas un mouvement sobre, contrôlé. Alors, ferme les portes de l'auto-contemplation. Sois impeccable et tu disposeras de l'énergie nécessaire pour atteindre le lieu de la connaissance silencieuse. " La force du silence, p.266 * (Don Juan " C'est le dialogue intérieur qui maintient le point d'assemblage fixé à sa position d'origine. Une fois que l'on est parvenu au silence, tout est possible. " Le feu du dedans, p.130 * (Don Juan :) " Je te donnais des plantes de pouvoir pour que ton point d'assemblage se déplace. Les plantes de pouvoir produisent cet effet; mais la faim, la fatigue, la fièvre et d'autres choses de ce genre peuvent produire un effet semblable. " Le feu du dedans, p.132-133 * (Don Juan :) " Lorsqu'on nous a enseigné à nous parler à nous-mêmes, on nous a enseigné les moyens de nous engourdir de façon à maintenir le point d'assemblage fixé à un seul endroit. " Le feu du dedans, p.145 * (Don Juan :) " Nous sommes, nous les êtres humains, vraiment peu de chose; nous sommes, essentiellement, un point d'assemblage fixé sur une certaine position. Notre ennemi, aussi bien que notre ami, est notre dialogue intérieur, notre inventaire. Sois un guerrier, fais taire ton dialogue intérieur; dresse ton inventaire puis jette-le. [...] Débarrassé de l'inventaire, le point d'assemblage se libère. " Le feu du dedans, p.244 * (Don Juan :) " Tout, dans le monde que nous avons appris à percevoir, est inextricablement lié à la position où se situe le point d'assemblage. " Le feu du dedans, p.266 * (Don Juan :) " Le mirage n'est pas dans la solidité du monde, le mirage est dans la fixation du point d'assemblage sur un endroit, quel qu'il soit. Quand les voyants déplacent leur point d'assemblage, ils ne sont pas confrontés à une illusion, ils sont confrontés à un autre monde; ce monde nouveau est aussi réel que celui que nous sommes en train de contempler maintenant, mais la nouvelle fixation de leur point d'assemblage, qui engendre ce monde nouveau, est, au même titre que l'ancienne fixation, un mirage. " Le feu du dedans, p.266 * (Don Juan :) " L'équilibre mental n'est rien d'autre que la fixation du point d'assemblage sur un endroit auquel nous sommes habitués. " La force du silence, p.50 * (Don Juan :) " La sobriété est d'une importance cruciale pour qui se livre au déplacement du point d'assemblage. " La force du silence, p.71 * (Don Juan :) " La connaissance la plus perfectionnée que possèdent les sorciers est celle de nos ressources en tant qu'êtres perceptifs, ainsi que la conscience du fait que le contenu de la perception dépend de la position du point d'assemblage. " La force du silence, p.152 * (Don Juan :) " Tout mouvement du point d'assemblage se traduit par un éloignement de ce souci excessif du moi individuel qui est la caractéristique de l'homme moderne. Les sorciers croient que c'est la position du point d'assemblage qui a fait de l'homme moderne un égotiste homicide, un être totalement absorbé par sa propre image. Ayant perdu l'espoir de jamais revenir à la source universelle, l'homme cherche le réconfort dans son sentiment d'identité. Et, ce faisant, il réussit à fixer son point d'assemblage sur la position exacte qui lui permet de perpétuer sa propre image. Il est donc raisonnable de dire que tout éloignement du point d'assemblage par rapport à sa position habituelle a pour conséquence un éloignement par rapport à l'auto-contemplation de l'homme et à son corollaire : la suffisance. " La force du silence, p.157 * (Don Juan :) " Une forte fièvre peut déplacer le point d'assemblage. La faim, la peur, l'amour ou la haine peuvent le faire; le mysticisme également, et aussi l'intention inflexible, qui est la méthode préférée des sorciers. " La force du silence, p.223 * (Don Juan :) " L'instruction a très peu de valeur. Les sorciers soutiennent que la seule chose qui compte est le déplacement du point d'assemblage. Et ce déplacement dépend de l'énergie accrue et non de l'instruction. " La force du silence, p.165 La majorité d'entre nous a, au moins une fois dans sa vie, fait l'expérience du déplacement du point d'assemblage. Cette expérience arrive sans l'avoir prévue, nous laissant un souvenir étrange et impérissable. Pour ma part, ça m'est arrivé la première fois lorsque j'avais 5 ans, lors d'une maladie accompagnée d'une très forte fièvre. Tout le monde peut aisément comprendre de quoi il s'agit. Les sorciers provoquent délibérément ce déplacement pour apprendre. d) Première, seconde et tierce attention * (Don Juan :) " La première attention, c'est tout ce que nous sommes en tant qu'hommes ordinaires. [...] J'ai qualifié l'attention seconde de spécialisée parce que, pour utiliser ces émanations qui n'ont pas servi, il faut des tactiques singulières, élaborées qui exigent une discipline et une concentration suprêmes. [...] On accède à la tierce attention quand la lueur de la conscience devient le feu intérieur : une lueur qui allume non plus une bande après l'autre, mais toutes les émanations de l'Aigle qui se trouvent à l'intérieur du cocon de l'homme. [...] Accéder à ce niveau d'attention tout en conservant sa force vitale, [...] voilà l'accomplissement suprême pour les êtres humains. " Le feu du dedans, p.72-73-74 * " Don Juan divisait notre conscience en trois parties inégales. Il appelait la plus petite ‘ première attention ’ et il disait qu'elle est la conscience développée chez les personnes ordinaires pour pouvoir s'orienter dans le monde de tous les jours; elle comprend notamment la conscience du corps physique. Il appelait ‘ attention seconde ’" une autre portion, plus vaste, qu'il décrivait comme la conscience dont nous avons besoin pour percevoir notre cocon lumineux, et pour agir en tant qu'êtres lumineux. Il disait que l'attention seconde demeure à l'arrière-plan pendant la durée de notre vie, à moins d'être attirée à l'avant-scène – délibérément par une forme d'éducation, ou par un choc accidentel. Elle comprend la conscience du corps lumineux. Il appelait la dernière portion, la plus vaste, ‘ tierce attention ’ – une conscience incommensurable qui engage des aspects indéfinissables de la conscience des corps physique et lumineux. " Le don de l'aigle, p.21 On voit donc que la première attention se rattache au tonal, la seconde, au nagual. Quant à la tierce attention, c'est la réalisation complète de la conscience de l'être. * (Don Juan :) " Le rôle d'un maître, dans la mesure où la perception de l'apprenti est concernée, consiste à réorganiser tous les éléments de l'île (du tonal) sur un côté de la bulle. [...] J'ai eu pour tâche de déranger ta représentation ordinaire et non de la détruire. [...] La tâche du benefactor est de rompre la bulle sur le côté qui a été nettoyé. Une fois que le sceau est brisé, le guerrier n'est plus le même. Il a alors la maîtrise de sa totalité. La moitié de la bulle est le domaine absolu de la raison, le tonal. L'autre moitié est le domaine absolu de la volonté, le nagual. " Histoires de pouvoir, p.333-334
Munis de l'explication de termes particuliers au monde de don Juan, nous voilà prêts à tenter de dégager ce qui se passe à la seconde étape sur la voie de la connaissance, celle qui a trait au guerrier.
Message édité le 14-02-2006 à 20:19:56 par glingal |
| | Posté le 15-02-2006 à 00:44:44
| Waouh! Hâte de lire la suite là. Je dois bien avouer que je pige pas tout et le reste je pense juste le comprendre sans plus en fait. Mais, je relativise cependant en me disant que c'est quand même très culturalisé comme truc et je relie ça à des enseignements plus à ma portée. Alors, je vais me lancer dans quelques interprétations de ce que je pense avoir compris. Au sujet du fameux point d'assemblage, ça me fait penser un peu au voyage astral, le faites de pouvoir fixer ce point ailleurs, je l'associe donc à la projection de la conscience et l'autre monde à l'astral. Pour les tonal et le nagual, je crois bien avoir compris le concept là et ça aide à comprendre pourquoi morphologiquement, c'est comme si on avait deux cerveaux... Par contre, ca fait échos en moi de ce que j'ai pu lire chez Bardon tiens, qui lui écrit en ces termes sur la circulation de l'akâsha dans le corps physique. C'est à dire, en très gros, notre part de divinité: Le côté droit du corps du droitier est actif et électrique et le côté gauche passif et magnétique. Quant au gaucher, les polarités sont inversées. La force du rayonnement de ce fluide électromagnétique dépend du pouvoir des Éléments constituant le corps, c'est à dire de l'intensité de leur action respective. Plus cette activité est saine et harmonieuse, plus le rayonnement est fort et pur. Par des exercices déterminés ain¬si que par la connaissance de ses propres Éléments, eu égard aux Lois Universelles, le pouvoir, la force et l'efficacité de l'action de ce fluide électromagnétique ou Od peuvent être augmentés ou diminués selon ce que l'on souhaite faire. Bien que les fluides électrique et magnétique du corps n'aient pas de similitude directe avec l'électricité et le magné¬tisme que nous connaissons, ils leur sont cependant analogues. Et enfin, concernant les différents stades, apprentit, guerrier, sorcier, voyant, ca me fait penser à ceci, qui concerne le yoga et plus précisémént l'éveil des forces vitales du corps : Éveiller d'abord, et stimuler ensuite l'acti¬vité de ces forces dans le corps humain, afin d'accélérer l'évolution, est un des objectifs de l'Initiation traditionnelle, tant orientale qu'occidentale. On sait que les écoles et sociétés d'Initiation comportent, au moins en Occident, trois degrés de début. Dans l'Église, ce sont les ordres mineurs, les ordres majeurs et l'épiscopat. Dans la Franc-Maçonnerie, ce sont les trois grades : apprenti, compagnon, maître. Dans la Chevalerie, il en était de même avec les écuyers, les chevaliers et les commandeurs. Or, le premier degré de l'Initiation éveille Idâ, aspect féminin de l'énergie, et donne la maîtrise des passions et des émotions. Le second degré éveille Pingalâ, aspect masculin de l'énergie, et donne la maîtrise sur le plan mental en disciplinant le corps correspondant dans l'Être. (ne serait-ce pas là encore une forme déguisée de nagual et tonal) Le troisième degré éveille Soushoumnâ, l'énergie centrale, et permet l'influence et le rayonnement de l'esprit pur. C'est en s'élevant suivant ce canal du Soushoumnâ qu'un Yogi abandonne à volonté son corps physique de telle façon qu'il reste pleinement conscient sur les plans supérieurs et rapporte dans son cerveau physique le souvenir très net de ses expériences. Voilà donc, je le rapelle des paralèlles que j'ai établis pour tenter de comprendre le bazar... Alors glingal, dis-moi? Suis-je sur la bonne voie où est-ce que je navigue en plein brouillard??? |
| | Posté le 16-02-2006 à 15:41:44
| Bonjour siburdroc ! Et merci pour l'intérêt que tu portes au sujet. Celui-ci me tient beaucoup à coeur comme tu l'imagines car c'est un peu par lui que j'ai pu enfin trouver d'une certaine façon la validation de mes expériences, ou plutôt.... une corrélation. Pourtant a priori, ma culture est occidentale et je ne la renie en aucune façon, mais mon coeur me porte au loin vers la "voie-sui-a-du-coeur", cette voie qui s'est saisie de moi plus que je ne l'ai choisi. "Je dois bien avouer que je pige pas tout et le reste je pense juste le comprendre sans plus en fait. " Je te rassure, je n'ai pas tout pigé non plus. "Au sujet du fameux point d'assemblage, ça me fait penser un peu au voyage astral, le faites de pouvoir fixer ce point ailleurs, je l'associe donc à la projection de la conscience et l'autre monde à l'astral. " Oui tiens.... c'est d'ailleurs ce qui m'a attiré dans les travaux de Castanéda. Sa description de ce point d'assemblage corrobore la perception que j'avais et j'ai toujours au niveau astral. Pour ma part, les déplacements du point d'assemblage, je ne l'avais remarqué qu'en voyage astral. Mais en lisant ce que Juan Matus, le sorcier Yaqui, en dit sur le sujet, j'ai remarqué en effet que ce point d'assemblage se déplacait aussi en situation extrême, fièvres, extases mystiques, visions, faim, ou encore expérience de mort imminente. "Pour les tonal et le nagual, je crois bien avoir compris le concept là et ça aide à comprendre pourquoi morphologiquement, c'est comme si on avait deux cerveaux... Par contre, ca fait échos en moi de ce que j'ai pu lire chez Bardon tiens, qui lui écrit en ces termes sur la circulation de l'akâsha dans le corps physique. C'est à dire, en très gros, notre part de divinité" C'est ce qui m'amène à penser que la connaissance antique, quelque soit le filtre culturel qu'elle revêt, a exactement les mêmes fondements. Notre divinité alors exprimerait sa pleine suprématie dans la complétude, le retour à l'intégrité de nos deux composantes qui, n'étant plus en dualité, collaborent et remplissent pleinement leur rôle respectif avec souplesse et fluidité. En ce qui me concerne, je n'en suis qu'à la découverte du Nagual. Mais ce retour à la complétude entre Nagual et Tonal, cette souplesse entre la navigation de l'un vers l'autre, me donnent encore beaucoup de mal. "Et enfin, concernant les différents stades, apprentit, guerrier, sorcier, voyant, ca me fait penser à ceci, qui concerne le yoga et plus précisémént l'éveil des forces vitales du corps " Même si je ne connais que partiellement le Tao, j'ai remarqué qu'il y avait beaucoup en commun entre cette philosophie et la description des Indiens Yaquis. Exception faite que chez Castanéda, rien ne fait référence aux chakras, mais à ce grand oeuf lumineux composé de fibres de lumières dont le principal faisseau émane du centre, du coeur de l'être. Cependant tu auras remarqué à la lecture de ce résumé que les différentes étapes (apprentit, guerrier, sorcier, voyant) ne sont pas considérées dans une vision hiérarchique qui s'inscrivent en degrés ou grades. Mais l'initiation se fait, si je puis dire, conjointement, simultanément. Ceci dit, il est possible, d'un côté comme de l'autre d'obtenir les mêmes résultats.... là je ne sais pas trop. Toutefois, l'apprenti montrera des domaines de prédilection que le "maître" aura su discerner en lui avant même que celui-ci en aura pris conscience. C'est ainsi d'ailleurs que l'on s'aperçoit que ce n'est pas l'apprenti qui choisit de s'engager dans la voie de l'initiation par un simple acte de volonté. Mais c'est le "maître" qui reconnait ses dispositions naturelles et qui, par la ruse, l'amène à l'initiation. Alors on peut voir-là un sujet à controverse, à savoir que ce principe en lui-même est élitiste. Mais reconnaissons que s'engager dans la voie de la quête ou la conquête de "pouvoirs" n'est pas exempte de dangers. Donc ce choix, cette élection, pour la part du "maître" sage et averti, tient en compte cette considération. "Voilà donc, je le rapelle des paralèlles que j'ai établis pour tenter de comprendre le bazar... Alors glingal, dis-moi? Suis-je sur la bonne voie où est-ce que je navigue en plein brouillard??? " Parallèles tout à fait pertinents et à ce point édifiant qu'il me rappelle combien multiples sont les voies qui conduisent à la connaissance mais que les fondements de celle-ci sont et resteront de nature universelle. Je poursuis la transcription d'une autre portion. Merci pour tes réflexions siburdroc! |
| | Posté le 16-02-2006 à 16:08:00
| 2) LE GUERRIER a) Le guerrier : un homme de savoir Qu'on ne se méprenne pas sur le sens du mot guerrier. * (Don Juan " Un homme va au savoir comme il part pour la guerre, bien réveillé, avec de la peur, du respect, et une assurance absolue. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.55 * (Don Juan " Notre lot d'homme est d'apprendre, et quelqu'un va à la connaissance comme il va à la guerre. [...] On va à la connaissance ou à la guerre avec peur, avec respect, pleinement lucide du fait qu'on va à la guerre, et avec une sérénité absolue. " Voir, p.117 * (Don Juan " La guerre, pour un guerrier, ne se traduit pas par des actes individuels ou collectifs stupides ou par une violence gratuite. La guerre, pour un guerrier, est la lutte totale contre le moi individuel qui a privé l'homme de son pouvoir. " La force du silence, p.157
Un homme de savoir est un guerrier * " La vie d'un homme de savoir est une lutte perpétuelle. L'idée que c'est un guerrier menant la vie du guerrier permettait d'atteindre la stabilité des émotions. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.203-204 Reprenons l'énoncé des quatre étapes sur le chemin de la connaissance. * (Don Juan " La première étape (de l'être) est celle où son lien avec l'intention est rouillé, indigne de confiance. La seconde étape est celle où il parvient à le nettoyer. La troisième étape est celle où il apprend à le manipuler. Et la quatrième étape est celle où il apprend à accepter les desseins de l'abstrait. " La force du silence, p.229 b) Le travail sur soi : nettoyer
Le mot est clair concernant la deuxième étape : nettoyer . L'être a appris de plus en plus à interrompre son dialogue intérieur, ce qui lui apporte une énergie supplémentaire. Il a eu peur et il sait qu'il aura encore peur, mais il prend le risque de la connaissance en toute liberté, avec respect. Il s'engage à fond délibérément. Ce travail sur lui-même lui apportera des qualités qui feront de lui un être hors du commun. * " Il (don Juan) ajouta que ce qui l'intéressait, en sa position de maître, était d'arriver à m'impliquer à fond dans les thèmes de la vie et du fait de vivre; c'est-à-dire, de m'engager pleinement à saisir la différence entre la vie, conséquence de forces biologiques, et l'acte de vivre, une question de cognition. " L'art de rêver, p.52 * (Don Juan " Le maître présente à son apprenti le comportement du guerrier, il l'engage dans la modération, la sobriété et la force, qu'elles soient morales ou physiques. " Histoires de pouvoir, p.333 Le guerrier recherche la modération : * (Don Juan " La modération nécessaire pour permettre au point d'assemblage d'assembler d'autres mondes ne peut pas s'improviser. La modération doit être mûre et devenir une force en soi avant que les guerriers ne puissent franchir la barrière de la perception impunément. " Le feu du dedans, p.205 * (Don Juan " Ce dont nous avons le plus grand besoin, c'est de modération, et personne ne peut nous la procurer ou nous aider à l'obtenir que nous-mêmes. Sans elle, le déplacement du point d'assemblage est chaotique, comme sont chaotiques nos rêves ordinaires. " Le feu du dedans, p.174 * (Don Juan " Rien ne peut mieux tremper l'âme d'un guerrier que le défi qui consiste à traiter avec des gens impossibles qui se trouvent en position de pouvoir. Seules de telles conditions peuvent faire acquérir aux guerriers la modération et la sérénité nécessaires pour supporter le poids de l'inconnaissable. " Le feu du dedans, p.29 * (Don Juan " Dans la pratique, un guerrier prend des décisions avec une telle prudence que rien de ce qui peut se produire ne peut par conséquent le surprendre et encore moins épuiser son pouvoir. " Histoires de pouvoir, p.205 Le guerrier recherche l'impeccabilité : * (Don Juan " La seule chose qui compte est l'impeccabilité, c'est-à-dire l'énergie libérée. " Le feu du dedans, p.103 * (Don Juan " Le guerrier ne baisse la tête devant personne, mais en même temps il ne permet pas que les autres baissent la tête devant lui. " Histoires de pouvoir, p.34 * (Don Juan " Tout ce qui est exigé, c'est de l'impeccabilité, de l'énergie, et cela commence par un seul acte qui doit être délibéré, précis et soutenu. On acquiert, si cet acte se répète assez longtemps, le sens d'une intention inflexible, qui peut s'appliquer à tout. Si l'on y parvient, la route se dégage. Une chose en entraîne une autre jusqu'à ce que le guerrier prenne conscience de tout son potentiel. " Le feu du dedans, p.171 * (Don Juan " L'impeccabilité n'est rien d'autre que le bon usage de l'énergie. Mes exposés ne comportent pas le moindre soupçon de morale. J'ai épargné de l'énergie et cela me rend impeccable. " Le feu du dedans, p.25 * (Don Juan " La force intérieure, cela signifie un sens de l'équanimité, d'indifférence presque, un sentiment de bien-être, mais par-dessus tout, cela signifie un penchant naturel et profond pour l'étude, pour la compréhension. Les nouveaux voyants appellent tous ces traits de caractère la modération. [...] Les nouveaux voyants sont convaincus qu'une vie impeccable mène obligatoirement en elle-même à un sens de la modération, et que celui-ci, à son tour, mène au déplacement du point d'assemblage. " Le feu du dedans, p.170 * (Don Juan " L'impeccabilité n'est pas la moralité. Elle lui ressemble seulement. L'impeccabilité n'est que la meilleure utilisation de notre niveau d'énergie. Naturellement, elle exige de la frugalité, du sérieux, de la simplicité, de l'innocence; et elle exige par-dessus tout l'absence d'auto-contemplation. " La force du silence, p.230 * (Don Juan " Un guerrier s'assure toujours que tout est parfaitement en ordre, non pas parce qu'il va survivre à l'entreprise dans laquelle il s'engage, mais parce que cela fait partie de sa conduite impeccable. " Le voyage à Ixtlan, p.160 * (Don Juan " Un guerrier ne peut pas être désemparé. Dans aucune circonstance, il ne peut être ni étonné, ni effrayé. Un guerrier ne peut consacrer son temps qu'à être impeccable; tout le reste épuise son pouvoir, alors que l'impeccabilité le nourrit. " Histoires de pouvoir, p.259 Le guerrier apprend la patience : * (Don Juan " L'endurance consiste à attendre patiemment – sans précipitation, sans anxiété – c'est une simple, joyeuse façon de différer ce qui doit arriver. " Le feu du dedans, p.36 * (Don Juan " Un guerrier n'a rien d'autre que sa volonté et sa patience et avec elles il construit tout ce qu'il veut. " Voir, p.188 * (Don Juan " Les guerriers ne gagnent pas leurs victoires en se cognant la tête contre les murs, mais en les franchissant. Les guerriers sautent par-dessus les murs, mais il ne les démolissent pas. " Histoires de pouvoir, p.74 Le guerrier apprend le détachement : * " Le benefactor (un des guides de don Juan) dit à don Juan qu'un guerrier n'est jamais en état de siège. Être en état de siège suppose que l'on possède des biens personnels susceptibles d'être assiégés. Un guerrier ne possède rien dans le monde, hormis son impeccabilité, et rien ne saurait menacer l'impeccabilité. " Le don de l'aigle, p.201 * (Don Juan " L'esprit d'un guerrier n'est pas poussé à l'indulgence et à la complainte, pas plus qu'il n'est dirigé vers vaincre ou perdre. L'esprit du guerrier est destiné uniquement au combat, et chaque combat est pour le guerrier sa dernière bataille terrestre. Par conséquent pour lui, l'issue n'a pas d'importance. Au cours de cette dernière bataille sur terre, le guerrier laisse son esprit s'en aller, libre et pur. Et pendant qu'il poursuit sa bataille, parce qu'il sait que sa volonté est impeccable, un guerrier rit et rit sans cesse. " Voir, p.277 * (Don Juan " Un guerrier sait qu'il attend et il sait pourquoi il attend. Pendant qu'il attend, il ne désire rien. Ainsi reçoit-il la plus petite des choses, elle est plus qu'il n'en peut prendre. S'il a besoin de manger, il découvre un moyen parce qu'il n'a pas faim. Si quelque chose le blesse, il trouve un moyen de l'arrêter, car il ne souffre pas. Avoir faim ou souffrir signifie que l'homme s'est laissé aller et qu'il n'est plus un guerrier. Les forces de sa faim et de sa souffrance le détruiront. " Voir, p.185 * (Don Juan " Pour un guerrier, tout commence et finit avec lui-même. Mais son contact avec l'abstrait le pousse à surmonter le sentiment de sa propre importance. Alors le moi devient abstrait et impersonnel. " La force du silence, p.47 Le guerrier tente d'acquérir le contrôle de lui-même tout en sachant s'abandonner : * (Don Juan " Un guerrier est un chasseur. Il calcule tout. Ça, c'est le contrôle. Mais une fois tout calculé, il agit. Il se laisse aller. Ça, c'est l'abandon. Un guerrier n'est pas une feuille à la merci du vent. Personne ne peut le pousser. Personne ne peut rien lui faire accomplir contre lui-même ou contre son jugement réfléchi. Un guerrier est accordé à sa survie, et il survit au mieux de toutes les manières possibles. " * (Don Juan " Une des actions du guerrier consiste à ne jamais se laisser impressionner par quoi que ce soit. C'est ainsi qu'un guerrier, même s'il voit le démon en personne, ne laissera rien transparaître devant quiconque. Le guerrier doit avoir une maîtrise de soi impeccable. " Histoires de pouvoir, p.190 * (Don Juan :) " Un guerrier agit comme s'il contrôlait la situation, même s'il tremble dans ses souliers. D'agir ainsi fait disparaître l'obsession. " Histoires de pouvoir, p.75 Le guerrier apprend la sobriété : * (Don Juan :) " Un guerrier est un chasseur irréprochable qui chasse le pouvoir; il n'est ni saoul ni cinglé, et il n'a ni le temps ni l'envie de bluffer, de se mentir à lui-même ou d'agir à contresens. L'enjeu est trop risqué pour qu'il se le permette. L'enjeu est sa vie soigneusement élaguée, une vie qui réclama si longtemps pour être réduite au strict nécessaire et à la perfection. " Le voyage à Ixtlan, p.94 Le guerrier apprend la reconnaissance : * (Don Juan :) " Cette terre, ce monde. Il n'y a pas d'amour plus grand pour un guerrier. [...] Un guerrier est toujours heureux parce que son amour est inaltérable et que sa bien-aimée, la terre, l'embrasse et lui octroie des cadeaux inestimables. La tristesse n'appartient qu'à ceux qui détestent ce qui les abrite. " Histoires de pouvoir, p.383 Le guerrier développe de l'affection pour ses semblables : * (Don Genaro* :) " La vie d'un guerrier ne peut pas être froide, solitaire et dénuée de sentiments parce qu'elle est fondée sur l'affection, la dévotion, le dévouement pour ceux qu'il aime. " Histoires de pouvoir, p.381-382 * (Don Juan :) " On doit apprendre à ne pas accorder d'importance, et non pas à ne pas aimer. " Le second anneau de pouvoir, p.164 Le guerrier ne cède pas à l'apitoiement sur soi-même : * (Don Juan :) " Un guerrier reconnaît sa douleur, mais ne s'y abandonne pas. [...] Il a confiance en son esprit impeccable et surtout il est pleinement conscient de son efficacité. La joie que ressent un guerrier lui vient d'avoir accepté son destin et d'avoir évalué en toute honnêteté ce qui se trouve devant lui. " Histoires de pouvoir, p.379 * (Don Juan :) " Ce n'est qu'en guerrier que l'on peut supporter la voie de la connaissance. Un guerrier ne peut ni se plaindre ni regretter quoi que ce soit. Sa vie est un défi perpétuel et les défis ne peuvent pas être vraiment bons ou mauvais. Les défis sont simplement des défis. " Histoires de pouvoir, p.143 * (Don Juan :) " Les guerriers sont incapables d'éprouver de la compassion parce qu'ils ne s'apitoient plus sur eux-mêmes. Sans la force agissante de l'apitoiement sur soi-même, la compassion n'a aucun sens. " La force du silence, p.47 Le guerrier apprend le sens du minutage : * (Don Juan :) " Un guerrier apprend à accorder sa volonté, à la mettre en veilleuse ou à la régler, chaque fois qu'il le désire. " Histoires de pouvoir, p.237 * (Don Juan :) " Avant de prendre une décision pense et inquiète-toi, mais une fois qu'elle est prise, libère-toi des pensées et des inquiétudes. Ensuite il y aura des millions d'autres décisions à prendre. " Voir, p.67 Le guerrier sait garder les yeux ouverts : * (Don Juan :) " La condition de guerrier exige d'être conscient de tout, à tout moment. " Histoires de pouvoir, p.158 Le guerrier apprend l'humilité : * (Don Juan :) " Un guerrier débute avec la certitude que son esprit n'est pas équilibré; puis, à force de vivre avec une maîtrise de soi et une lucidité totales, mais sans hâte ni contrainte, il fait vraiment de son mieux pour acquérir cet équilibre. " Histoires de pouvoir, p.44 * (Don Juan :) " Un guerrier accepte son sort, quel qu'il soit, et le fait avec une humilité profonde. Il accepte humblement ce qu'il est, non pas avec résignation mais comme un défi vivant. " Histoires de pouvoir, p.34 * (Don Juan :) " La confiance en soi d'un guerrier n'est pas celle de l'homme moyen. L'homme moyen cherche la certitude dans les yeux d'un spectateur et nomme cela confiance en soi. Le guerrier cherche à être impeccable à ses propres yeux et appelle cela humilité. L'homme moyen est suspendu à son semblable, tandis que le guerrier n'est suspendu qu'à lui-même. " Histoires de pouvoir, p.19 * (Don Juan :) " Je ne connais que l'humilité du guerrier, et cette humilité m'empêchera toujours de dominer qui que ce soit par mon savoir. " Histoires de pouvoir, p.35 Le guerrier apprend le raffinement : * (Don Juan :) " Un guerrier se tient constamment en garde contre la grossièreté du comportement humain. Un guerrier est magique et implacable, c'est un non-conformiste aux goûts et aux manières extrêmement raffinés, dont la tâche mondaine consiste à aiguiser, mais aussi à camoufler ses piquants afin que nul ne puisse soupçonner son implacabilité. " La force du silence, p.116 Bref, * (Don Juan :) " La différence fondamentale entre un homme ordinaire et un guerrier, c'est que le guerrier prend tout comme un défi, tandis que l'homme ordinaire prend les choses, soit comme une bénédiction, soit comme une malédiction. " Histoires de pouvoir, p.144 Malgré tout, des difficultés surviennent : * (Don Juan :) " Un pessimisme impossible à vaincre s'empare du guerrier à un certain point de sa démarche. Une impression de défaite, ou plus exactement (peut-être) le sentiment de n'être pas digne, l'accable soudain, presque à l'improviste. [...] La résolution du guerrier de vivre impeccablement en dépit de tout ne peut pas être une stratégie appliquée pour assurer le succès. [...] En des moments pareils, l'entraînement de toute une vie prend le dessus : le guerrier entre dans un état d'humilité sans équivalent. " Le don de l'aigle, p.206-207
Rappelons les qualités énumérées : La modération, l'impeccabilité, la patience, le détachement, le contrôle de soi, la sobriété, la reconnaissance, l'affection, l'absence d'apitoiement, le sens du minutage, voir les choses en face, l'humilité et le raffinement. c) L'art du traquage L'être humain possédant toutes ces vertus est sûrement un être hors du commun. Don Juan, au faîte de sa vie, nous dit que ce sont des traits que nous pouvons développer et acquérir. Comment s'y est-il donc pris pour apprendre à Carlos toutes ces vertus? Il lui a appris à traquer, à exercer un contrôle sur la folie de sa vie de guerrier-sorcier. Don Juan résume ainsi " l'art du traqueur : le contrôle du comportement ". La force du silence, p.16 * (Don Juan :) " Pour les sorciers, l'art du traqueur est la fondation sur laquelle tout ce qu'ils font est bâti. [...] On emploie aussi l'expression ‘ art d'observer furtivement ’, [...] nous l'appelons l'art de la folie contrôlée. " La force du silence, p.93-94 * (Gorda* :) " Un traqueur traque tout, y compris lui-même... Nous pouvons même traquer nos propres faiblesses... Cela se fait exactement comme on traque une proie. Vous étudiez vos habitudes jusqu'à ce que vous connaissiez tout ce que font vos faiblesses, et ensuite vous leur tombez dessus et vous les ramassez comme des lapins dans une cage. " Le second anneau de pouvoir, p.274 * (Don Juan :) " Il est possible d'insister, d'insister judicieusement, même lorsqu'on pense que c'est inutile, mais d'abord nous devons savoir que tous nos actes sont inutiles, et que malgré tout nous devons faire comme si nous ne le savions pas. C'est ça la folie contrôlée du sorcier. " Voir, p.103 * " L'art du traqueur m'avait été présenté comme un ensemble de méthodes et d'attitudes permettant à chacun de tirer le meilleur parti de toute situation imaginable. " Le don de l'aigle, p.9-10 * (Don Juan :) " La folie contrôlée est l'art de la tromperie contrôlée ou l'art de faire semblant d'être complètement absorbé par une action en cours – de feindre si bien que personne ne peut deviner que cette action n'est pas l'action réelle. La folie contrôlée n'est pas une tromperie totale, mais une façon sophistiquée, artistique d'être séparé de tout, tout en continuant à faire partie intégrante de tout. La folie contrôlée est un art. Un art très gênant et très difficile à apprendre. Beaucoup de sorciers ne le supportent pas, non parce qu'ils trouvent dans cet art quelque chose d'intrinsèque qui serait mauvais, mais parce qu'il faut beaucoup d'énergie pour l'exercer. [...] Quand nous accédons à la sorcellerie, notre personnalité est déjà formée et tout ce que nous pouvons faire, c'est pratiquer la folie contrôlée et nous moquer de nous-mêmes. " La force du silence, p.246-247 * (Florinda* :) " Le premier principe de l'art du traqueur, c'est que le guerrier ne se lance jamais dans le combat sans connaître les lieux. [...] Écarter tout ce qui n'est pas nécessaire est le deuxième principe de l'art du traqueur. [...] Appliquez toute la concentration que vous possédez à décider si vous engagez la bataille ou si vous la refusez, car toute bataille est une lutte pour la vie. Tel est ce troisième principe de l'art du traqueur. Un guerrier doit toujours être prêt à prendre sa dernière attitude ici et maintenant. Mais non point à la débandade. Se détendre, se laisser aller, ne rien craindre, voilà le quatrième principe de l'art du traqueur. Le cinquième principe est le suivant : quand il est placé devant des risques qu'il ne peut pas résoudre, le guerrier bat en retraite pendant un instant. [...] Mais après avoir appliqué le cinquième principe, il faut passer au sixième : le guerrier comprime le temps; le moindre instant compte. Dans une bataille pour la vie, une seconde est une éternité – une éternité qui peut décider de l'issue. Le guerrier a pour objectif la victoire, donc il comprime le temps. Il ne perd pas un seul instant. […] Appliquer ces principes provoque trois résultats : le premier, c'est que les traqueurs apprennent à ne jamais se prendre au sérieux; ils savent rire d'eux-mêmes. [...] Deuxième résultat : les traqueurs apprennent à avoir une patience sans fin. Les traqueurs ne se hâtent jamais, ne se rongent jamais. Et le troisième résultat, c'est que les traqueurs apprennent à acquérir une capacité d'improvisation infinie. " Le don de l'aigle, p. 258-260-261-270 La tâche à accomplir durant l'étape du guerrier consiste donc à prendre suffisamment de recul pour nettoyer son mental, acquérir une capacité de comportement dépouillée de gestes inutiles envers soi tout autant qu'envers les autres, tout en se moquant de soi-même. d) La récapitulation de sa vie
Une autre tâche que doit accomplir le guerrier est celle de faire la récapitulation de sa vie. Il est tentant de faire un parallèle entre cette récapitulation et une analyse psychologique/psychanalytique à laquelle s'attaque le guerrier : * (Florinda* :) " La récapitulation est le point fort des traqueurs [...]. Elle consiste à se re-souvenir de sa vie jusqu'au détail le plus insignifiant. [...] La première phase est un rappel bref de tous les incidents de notre vie qui se détachent d'eux-mêmes pour s'offrir à notre examen. La seconde phase est un souvenir plus détaillé qui commence systématiquement à un point qui pourrait être l'instant précédant celui où le traqueur commence la récapitulation et qui, en théorie, pourrait remonter jusqu'à l'instant de la naissance. [...] L'élément clé de la récapitulation est la respiration. [...] En théorie, les traqueurs doivent se souvenir de tous les sentiments qu'ils ont éprouvés dans leur vie. [...] Par elle (la respiration), le traqueur expulse les filaments laissés en lui par les autres corps lumineux impliqués dans l'événement dont il se souvient. " Le don de l'aigle, p.267-268 * (Don Juan :) " La remémoration n'est pas la même chose que le souvenir. Le souvenir dépend du type de pensée au jour le jour, alors que la remémoration est dictée par le mouvement du point d'assemblage. [...] Le fait de se rappeler un événement dans sa totalité grâce à un déplacement du point d'assemblage s'appelle la remémoration des sorciers. " La force du silence, p.133 * (Don Juan :) " L'acte du souvenir est entièrement incompréhensible. En réalité l'acte de se souvenir de soi ne se borne pas au rappel de la relation vécue par les guerriers dans leur conscience du côté gauche, mais retrouve en outre chaque souvenir emmagasiné par le corps lumineux depuis l'instant de la naissance. Les relations que vivent les guerriers en état de conscience supérieure ne sont qu'un mécanisme pour inciter l'autre moi à se révéler sous forme de souvenirs. Cet acte de mémoire, même s'il semble associé uniquement aux guerriers, demeure à la portée de chaque être humain. Chacun de nous peut puiser directement aux souvenirs de notre luminosité – et avec des résultats prodigieux. " Le don de l'aigle, p.289 * " Le problème du souvenir consistait donc en fait à unir notre côté gauche et notre côté droit, à rapprocher ces deux formes de perception séparées en un tout unifié. " Le don de l'aigle, p.156 e) L'ennemi du guerrier : la clarté
Il est bon de rappeler que l'apprenti avait pour tâche de vaincre un ennemi : la peur. Le guerrier rencontre un deuxième ennemi : la clarté. * (Don Juan :) " Lorsqu'un homme a vaincu la peur, la clarté l'a remplacée... Il peut s'imaginer les nouvelles étapes du savoir, tout se trouve baigné d'une clarté violente. Il sent que plus rien n'est caché. [...] Cette clarté d'esprit, si difficile à atteindre, si elle dissipe la peur, aveugle également. Elle pousse l'homme à ne jamais douter de lui-même. Or cela n'est qu'une erreur. [...] Si l'on cède à cette puissance apparente, on est devenu le jouet du deuxième ennemi, et l'apprentissage s'en trouvera tout faussé. La précipitation remplacera la patience. [...] Il faut défier cette clarté, et ne l'utiliser que pour voir, attendre avec patience avant de faire un autre pas que l'on aura soigneusement préparé. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.87-88 Le guerrier se familiarise avec le monde du nagual et la clarté peut donc l'aveugler : * (Don Juan :) " Le but de l'entraînement du guerrier n'est donc pas de lui apprendre à ensorceler ou à faire des charmes, mais à préparer son tonal à ne pas déconner. " Histoires de pouvoir, p.231 * (Don Juan :) " Un guerrier n'abandonne jamais l'île du tonal. Il l'utilise. " Histoires de pouvoir, p.207 Un concept important doit être retenu dans cette étape de l'être sur la voie de la connaissance. C'est l'idée de la mort. * (Don Juan :) " Seule l'idée de la mort détache suffisamment l'homme au point de le rendre incapable de s'abandonner à quoi que ce soit. Seule l'idée de la mort détache suffisamment l'homme au point qu'il ne peut plus considérer qu'il se prive de quelque chose. Un homme de cette sorte ne désire, malgré tout, absolument rien, car il a acquis un appétit silencieux pour la vie et toutes les choses de la vie. [...] Un homme détaché, homme qui sait qu'il n'a pas la possibilité d'éviter sa mort, n'a qu'une seule chose sur laquelle il puisse s'appuyer : le pouvoir de ses décisions. Il doit être, pour ainsi dire, le maître de ses choix. Il doit clairement comprendre que son choix dépend de lui seul et qu'une fois fait il n'y a plus de temps pour des regrets ou des lamentations. [...] Et alors, conscient de sa mort, grâce à son détachement, et avec le pouvoir de ses décisions, un guerrier fixe sa vie stratégiquement. La connaissance de sa mort le guide, le rend détaché et silencieusement robuste. Le pouvoir de ses décisions le rend capable de choisir sans regrets, et du point de vue stratégique son choix est toujours le meilleur. Ainsi il accomplit tout ce qu'il doit faire avec plaisir et avec une compétence sûre. " Voir, p.196 * (Don Juan :) " L'homme qui s'avance sur le chemin de la sorcellerie doit à tout moment faire face à une imminente annihilation et inévitablement il acquiert une conscience aiguë de sa mort. Sans la conscience de la mort, il ne serait qu'un homme ordinaire impliqué dans des actes ordinaires. Il n'aurait pas la puissance et la concentration indispensables pour transformer son temps ordinaire sur terre en pouvoir magique. Ainsi pour être un guerrier, un homme doit avoir, en tout premier lieu et de manière vraiment authentique, une conscience aiguë de sa propre mort. Mais se soucier en permanence de la mort contraindrait normalement tout homme à se concentrer sur soi, et cela serait débilitant. Donc la seconde chose dont on a besoin pour être un guerrier est le détachement. L'idée de la mort imminente, au lieu de tourner à l'obsession, devient indifférence. " Voir, p.195 * (Don Juan :) " Lorsque tu t'impatientes, tourne-toi simplement vers ta gauche et demandes un conseil à la mort. Tout ce qui n'est que mesquineries s'oublie à l'instant où la mort s'avance vers toi, ou quand tu l'aperçois d'un coup d'œil, ou seulement quand tu as l'impression que ce compagnon est là, t'observant sans cesse. [...] La mort est le seul conseiller valable que nous ayons. " Le voyage à Ixtlan, p.44 * (Don Juan :) " Concentre-toi sur ce qui te lie à ta mort, sans le moindre remords, sans la moindre tristesse, sans le moindre souci. Concentre-toi sur le fait que tu n'as pas le temps, et laisse tes actes se dérouler en conséquence. Laisse chacun de tes actes devenir ta dernière bataille sur terre. Ce n'est qu'à de telles conditions que tes actes auront leur plein pouvoir. Sinon, aussi longtemps que tu vivras, ils demeureront les actes d'un timide. " Le voyage à Ixtlan, p.88 * (Don Juan :) " La prise de conscience de notre mort est la seule chose capable de nous donner la force de résister à la contrainte et à la souffrance de nos vies et à nos craintes en face de l'inconnu. " Le second anneau de pouvoir, p.282 * (Don Juan :) " Sans une vision claire de la mort, il n'y a pas d'ordre, pas de modération, pas de beauté. Les sorciers luttent pour acquérir cette perspicacité capitale afin de pouvoir prendre conscience, au niveau le plus profond, que rien, absolument, ne leur garantit que leur vie se poursuivra au-delà de l'instant. Cette prise de conscience donne aux sorciers le courage d'être patients, mais d'agir, le courage d'être consentants sans être stupides. [...] L'idée de la mort est la seule chose qui puisse donner du courage aux sorciers. [...] Cela leur donne le courage d'être rusés sans être vaniteux et, surtout, cela leur donne le courage d'être implacables sans être suffisants. " La force du silence, p.119 * (Don Juan :) " La mort est notre seul défi. Nous sommes nés pour relever ce défi, que nous soyons des hommes ordinaires ou des sorciers. Les sorciers le savent; les hommes ordinaires non. [...] La vie est le processus à travers lequel la mort nous défie. La mort est la force active. La vie est l'arène. Et dans cette arène il n'y a que deux rivaux, quel que soit le moment : soi et la mort. " La force du silence, p.121
Le guerrier a nettoyé son mental, il a appris à traquer, il se familiarise de plus en plus avec le monde du nagual. Il entreprend maintenant la troisième étape : la sorcellerie. |
| | Posté le 16-02-2006 à 17:32:00
| Bon alors si j'ai réussi à m'accrocher dans la première partie qui concernait l'apprenti, j'ai complètement été largué au milieu des explications de la seconde, relative au guerrier ! Ce qui me fait conclure que mon point de rupture correspond à peu près à la position de mon cheminement... Le point d'assemblage, je m'en suis fait une représentation simple pour le comprendre. Il suffit d'imaginer qu'il fait totalement noir autour de nous et qu'on se recouvre entièrement d'un drap blanc. Sous ce drap, on allume alors une lampe torche et on colle cette dernière sur le drap en la promenant à la surface de celui-ci. De l'autre côté du drap, dans l'obscurité générale, la lumière de la lampe éclairera un petit bout de drap. Cette zone de contact, qui ne produit qu'un faible espace de lumière dans les ténèbres, c'est ça le point d'assemblage. Et pour revenir à nous tous, la lampe torche c'est notre esprit. La totalité (tonalité?) Nagual-Tonal est un élément qui apparaît dans d'autres enseignement. Pour moi c'est ce qui justifie qu'après avoir dépassé la phase où on rejette en masse le matérialisme, on doit se retourner vers lui et apprendre à l'équilibrer avec notre côté spirituel qui a repris le dessus. Le Tonal, ce n'est ni plus ni moins que l'ego. C'est lui qui dirige le dialogue intérieur. C'est lui qu'on doît apprendre à maîtriser. Le couple Nagual-Tonal représente la parfaite expression de l'asymétrie complémentaire du vivant. La phase du guerrier est autrement plus complexe et il faudrait que je relise une nouvelle fois le texte précédent avant de me lancer dans le chapitre du sorcier que tu te prépares à poster Glingal. Ce qu'il y a de sûr c'est que la route est longue encore ! Dav |
| | Posté le 18-02-2006 à 18:08:22
| Bonjour Solomon ! Je remets une nouvelle fois cette photo que j'avais utilisée sur un eutre topic afin de te donner une idée de ce qui pourrait représenter le point d'assemblage. Pour légender cette photo, je reprend le point n° 5 comme description du point d'assemblage: La perception se produit lorsque les champs d'énergie de ce petit groupe, qui entoure de très près le point de brillance, projettent leur lumière de façon à illuminer des champs d'énergie identiques se trouvant en dehors de la boule. Comme les seuls champs d'énergie perceptibles sont ceux qui sont éclairés par le point de brillance, on appelle ce point le ‘ point où la perception s'assemble ’ ou simplement le ‘ point d'assemblage ’. J'ajoute qu'il est presque aussi difficile de décrire ce qu'est le point d'assemblage que la notion de Nagual, ce "vide indescriptible". Toutes les citations ne sont là que pour exemple. Mais Juan Matus, précisait durant l'initiation de Carlitos qu'il s'avérait presque inutile d'en faire la description. Parce que la description en elle-même est attachée à la perception qu'en avait Matus, et par conséquent celle-ci peut constituer un piège pour l'apprenti. Le rôle du sorcier Nagual Juan Matus n'est pas d'en faire une description met de conduire son élève à "Voir" par lui-même, d'expérimenter. Sans quoi, on retourne au dialogue intérieur, qui ramène au "connu", à la perception conventionnelle du monde commun, le tonal. Le tonal dresse l'inventaire, ce n'est pas inutile mais comme le précise Matus, une fois dressé, l'inventaire, il faut le jeter. Je sais que vu comme ça, l'oeuvre de Castanéda apparait comme un gros pavé. Cependant je te rassure Solomon, quand tu commences à lire les ouvrages de Castanéda, tu comprends dans le contexte bien mieux ce qu'il a expérimenté. J'ai reçu une fois la visitation d'un indien. J'ai pu à cette occasion "Voir" son point d'assemblage très loin derrière lui, sans savoir à l'époque de quoi il s'agissait. Cette apparition était très lumineuse et son point d'assemblage, très loin située derrière lui était colle un point focal d'ou irradiait une lumière très vive, et épurée, clarifiée. Ce qui conférait à cet être une illumination toute particulière., comme une rampe de lumière venant de derrière lui. Voilà, mais peut-être suis-je hors-sujet. Tout ce que je peux dire, c'est que les livres de Castanéda se lisent comme des romans. C'est une oeuvre auto-biographique bien plus facile à digérer que la description technique de ce petit exposé. Si quelqu'un parmi vous désir en avoir un apperçu en format pdf, je peux sans problème leur transmettre via e-mail. @mitié ! PS: Je ne vais pas transmettre le reste de l'exposé tout de suite, si tu préfères. Histoire de te donner le temps, à toi ainsi qu'à d'autres d'avoir une seconde lecture du chapître sur "le guerrier". |
| | Posté le 20-02-2006 à 19:07:02
| un grand merci à glingal, je suis fan de castaneda, mais je l'ai lu il y a déja quelques années, et de relire ce condensé est un vrai plaisir! plus encore, je sais maintenant que je n'aurai qu'a revenir sur ce forum chaque fois que j'aurai besoin de précision, plus besoin de me balader avec ma bibliothèque sur le dos!!! en passant je confirme que les oeuvres de castaneda se lisent comme un roman, c'est d'ailleur le roman de sa vie... c'est loin de l'exposé synthétique ci-dessus (cependant fort appréciable) au sujet du point d'assemblage, voila la représentation que je m'en suis fait, je l'expose dans l'espoir que cela aide certains a mieux comprendre alors démarrons comme solomon, enfermons nous sous un grand drap, ou dans une grosse coquille puisque castaneda parle d'oeuf lumineux. la coquille est opaque, donc on ne perçoit rien de l'exterieur. si on creuse un petit trou, disons juste en face de nous, nous pourrons alors percevoir la lumière qui vient de devant nous, (cela correspond a la perception du monde physique) mais pas celle qui vient des cotés, ou de derrière. si on déplace ce trou, la lumière qui vient du devant ne peut plus rentrer à l'interieur de l'oeuf, nous perdons la vision du monde physique, mais à la place, c'est la lumière du coté qui peut rentrer, nous voila en train de percevoir un fantome, déplaçons plus encore ce trou, et nous perdons la perception du fantome, mais maintenant c'est un esprit de bas étage, du genre poltergeist que nous percevons etc etc etc.... maintenant , je voudrais amener une précision ce qui est à l'origine de tout l'univers, qu'il soit connu, inconnu ou inconnaissable est une force appelée métaphoriquement le grand aigle cet aigle produit des faisceaux d'énergies, ou émanations, qui sont à l'origine de tout l'humain est constitué de 48 de ces émanations, regroupées en faisceau (si ma mémoire est bonne, mais les chiffres importent peu) un autre bouquet d'émanation, légèrement différent caractérise les animaux superieurs, encore un autre bouquet d'émanation caractérise les minéraux et ainsi de suite... lors de certaines experiences mystiques, ou l'humain engagé sur la voie de la connaissance (ou sur la voie magique dans un autre vocabulaire) l'individu remonte ce faisceau d'émanation, jusqu'a un genre de goulet d'étranglement, le point ou toutes les énergies propres à l'humain et seulement celles-la se rejoignent, pour ensuite former l'humanité. castaneda, ou plutot don juan , dit que c'est face à ce point que nombre de mystiques croient se trouver en face de Dieu, alors qu'ils ne sont en face que de ce qui à fait l'humanité.... et que tout sentiment d'amour ou de compassion pour cette chose perçue ne vaut pas un pet de mouche puisque cela revient à avoir de la compassion ou de l'amour pour soi-même et puisqu'on est dans le rentre dedans, j'aimerais aussi citer don genaro, a propos du grand aigle (en se souvenant que les humains sont perçus par les sorciers comme étant des oeufs lumineux) il disait que même le grand aigle ne mérite pas tant de respect, un aigle, ça pond peut-être des oeufs, mais ça pond aussi des crottes... (hmm belle leçon d'humilité que devraient méditer certains fou de dieu...) voila, glingal, je te repasse le baton de parole, je me suis permis cette intrusion dans l'exposé car je craignait que tu n'ommette ces points, qui, pour moi, semblent d'importance.... sans rancune hein??? |
| | Posté le 26-02-2006 à 10:19:55
| 3) LE SORCIER a) La sorcellerie et les caractéristiques du sorcier * (Don Juan " La sorcellerie est l'acte qui rend substantielles quelques prémisses particulières d'ordre pratique et théorique concernant la nature et le rôle de la perception dans notre saisie et notre modélisation de l'univers qui nous entoure. " L'art de rêver, p.7 * ((Don Juan " Tu n'apprends pas la sorcellerie à mesure que le temps passe; ce que tu apprends, en revanche, c'est à économiser ton énergie. Et cette énergie te servira à manier certains des champs d'énergie qui te sont aujourd'hui inaccessibles. C'est cela la sorcellerie : la capacité d'utiliser des champs d'énergie que l'on n'emploie pas pour percevoir le monde ordinaire que nous connaissons. La sorcellerie est un état de conscience. La sorcellerie est la capacité de percevoir quelque chose que la perception ordinaire ne peut pas appréhender. " La force du silence, p.10 * (Don Juan " Nous sommes des êtres qui perçoivent et la perception implique plus de possibilités que l'esprit n'en peut concevoir. [...] Pour se protéger de cette immensité, les sorciers apprennent à maintenir un mélange parfait d'implacabilité, de ruse, de patience et de gentillesse. " La force du silence, p.245 * (Don Juan " Le fait que nos vies soient pleines d'occupations, nos intérêts, nos soucis, nos espoirs, nos frustrations et nos peurs sont prioritaires et, si l'on considère nos vies telles que nous les vivons au jour le jour, nous ne sommes pas conscients d'être reliés à tout le reste. Je suis convaincu que l'idée chrétienne de l'exclusion du paradis terrestre est une allégorie renvoyant à la perte de notre connaissance silencieuse, notre connaissance de l'intention. La sorcellerie est donc un retour aux commencements, un retour au paradis. " La force du silence, p.113 * (Don Juan " La suffisance est la force qui maintient fixé le point d'assemblage. Quand la suffisance est limitée, l'énergie qu'elle mobilise n'est plus dépensée. Cette énergie accrue joue alors le rôle d'un tremplin qui projette le point d'assemblage, automatiquement et sans préméditation, dans un voyage inimaginable. Une fois que le point d'assemblage s'est déplacé, le mouvement lui-même entraîne un éloignement par rapport à l'auto-contemplation, et cet éloignement assure, à son tour, un lien de communication limpide avec l'esprit. C'est l'auto-contemplation qui a commencé par couper l'homme de l'esprit. La sorcellerie est un voyage de retour. Nous retournons victorieux vers l'esprit, après être descendus en enfer. Et de l'enfer, nous rapportons des trophées. La compréhension en est un. " La force du silence, p. 166 * (Don Juan " La sorcellerie devient une tentative pour rétablir notre connaissance de l'intention et en recouvrer l'usage sans y succomber. " La force du silence, p.114 * (Don Juan " On pourrait définir la sorcellerie comme la procédure consistant à nettoyer son propre lien de communication avec l'intention. Cette ‘ procédure de nettoyage ’ est très difficile à comprendre, ou à apprendre. C'est pourquoi les sorciers divisent leur enseignement en deux catégories. L'une consiste en un enseignement destiné à l'état de conscience de la vie quotidienne, où le processus de nettoyage se présente d'une manière déguisée. L'autre consiste en un enseignement destiné aux états de conscience accrue, [...] et dans lesquels les sorciers puisent la connaissance directement de l'intention, sans intervention gênante du langage parlé. " La force du silence, p.12 * (Don Juan " Les sorciers ont un sens de la connaissance directe des choses. Le degré de leur certitude dépend de la force et de la clarté du lien qui est en eux. Le sentiment que tout le monde connaît sous le nom d'‘ intuition ’ est l'activation de notre lien avec l'intention. Et comme les sorciers recherchent délibérément la compréhension et le renforcement de ce lien, on peut dire qu'ils savent tout par intuition, infailliblement et exactement. Lire les présages est une chose banale pour les sorciers – les erreurs ne surviennent que lorsque les sentiments personnels interviennent et obscurcissent chez le sorcier le lien de communication avec l'intention. Autrement, leur connaissance directe est tout à fait exacte et fonctionnelle. " La force du silence, p.31 * (Don Juan " Un sorcier cherche à agir plutôt qu'à parler et, dans ce dessein, il se procure une nouvelle description du monde, une nouvelle description où la parole n'est plus aussi importante et où les actes nouveaux ont des reflets nouveaux. " Histoires de pouvoir, p.41 * (Don Juan " La sorcellerie c'est appliquer sa volonté à un ‘ joint clé ’. La sorcellerie est une interférence. Un sorcier cherche et trouve le ‘ joint clé ’ de tout ce qu'il veut affecter, et là il applique sa volonté. [...] Il a seulement besoin de savoir comment faire usage de sa volonté. " Voir, p.257 * (Don Juan " Le défi est de prendre dans ce monde seulement ce dont nous avons besoin, pas une miette de plus. Savoir ce dont il a besoin est la virtuosité du sorcier, mais ne prendre que ce dont il a besoin est son suprême accomplissement. " L'art de rêver, p.139 L'apprenti avait vaincu un premier ennemi : la peur. Le guerrier avait vaincu un deuxième ennemi : la clarté. Le sorcier rencontre un troisième ennemi : le pouvoir. b) L'ennemi du sorcier : le pouvoir * (Don Juan " Le pouvoir est le plus puissant de tous les ennemis. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.88 * (Don Juan " La puissance qu'il poursuit depuis si longtemps lui appartient enfin. Il en fera ce qu'il voudra. [...] Ses désirs font loi. [...] Le pouvoir fait de lui un homme capricieux et cruel. [...] Cet homme n'aura pas su se dominer, il ignore quand et comment se servir de cette puissance... " Il lui faut défier le pouvoir délibérément. Il doit comprendre que cette puissance qu'il lui a semblé conquérir ne sera en fait jamais à lui. Il doit se dominer à chaque instant, manier avec précaution et fidélité tout ce qu'il a appris. S'il voit que la clarté et la puissance, sans la raison, sont encore pires que l'erreur, alors il atteindra le point où tout est sous son contrôle. " L'herbe du diable et la petite fumée, p.88-89 Certains êtres succombent au pouvoir : * (Don Juan " Celui qui possède plus d'énergie que nous peut faire n'importe quoi de nous. Par exemple, le nagual Julian* aurait pu me transformer en ce qu'il voulait, un démon ou un saint. Mais, nagual impeccable, il me laissa être moi-même. Les sorciers d'antan étaient très loin d'agir aussi impeccablement et, avec leur acharnement constant pour dominer les autres, ils créèrent une situation d'obscurantisme et de terreur qui se transmit de maître à disciple. " L'art de rêver, p.250 * (Don Juan " La caractéristique des voyants* lamentables est qu'il sont prêts à oublier la splendeur du monde. Ils se laissent submerger par le fait qu'ils voient et croient que c'est leur génie qui compte. Un voyant doit être un parangon de vertu pour surmonter la négligence presque invincible propre à notre condition humaine. Ce que les voyants font de ce qu'ils voient est plus important que voir en soi. " Le feu du dedans, p.50 Connaître les constituants de la vie d'un sorcier pourrait être fort utile dans certaines circonstances : * (Don Juan " Il n'est pas nécessaire d'être étudiant en sorcellerie pour déplacer son point d'assemblage. Parfois, à cause de circonstances naturelles mais dramatiques, comme la guerre, la privation, la tension, la fatigue, le chagrin, l'impuissance, le point d'assemblage des hommes subit des mouvements profonds. Si les hommes qui se sont trouvés dans des circonstances de ce genre pouvaient adopter l'idéologie d'un sorcier, ils pourraient amplifier au maximum ce mouvement naturel sans problème. Et ils chercheraient et trouveraient des choses extraordinaires au lieu de faire ce que les hommes font dans ces conditions : désirer ardemment le retour à la normale. " La force du silence, p.231
Message édité le 01-12-2006 à 18:21:56 par glingal |
| | Posté le 25-06-2019 à 20:47:36
| Excellent partage, merci beaucoup ! |
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