Sujet : Les contes de Grimm | | Posté le 26-12-2009 ŕ 22:05:58
| J'ai relu la semaine dernière les contes de Grimm, et j'ai eu envie d'en faire une petite synthèse/étude. La voici Les récits que l'on regroupe habituellement sous le nom générique de "contes de fées" sont des légendes ancestrales, dont l'origine semble se confondre dans la nuit des temps, aux premières mythologies des civilisations antiques. Traversant les siècles, s'adaptant aux cultures et aux civilisations, transmises plus par voie orale que par voie écrite, elles font partie désormais du patrimoine mondial de l'humanité. Plusieurs auteurs se sont attelés à la tache de les écrire et les publier, et parmi ceux-ci, les frères Grimm sont sans doute les plus reconnus et les plus célèbres. Les frères Grimm (Jacob et Wilhelm), rappelons-le, n'étaient pas des créateurs ni des artistes. C'était avant tout des chercheurs, philologues et linguistes, passionnés de mythologie. Afin d'établir une comparaison des différentes mythologies (scandinave, germanique), ils ont écumé les campagnes allemandes au début du XIX° siècle afin de se faire raconter les contes et légendes populaires. De ce long et minutieux travail de recherche ils ont publié deux recueils (en 1812 et 1815) de plusieurs dizaines de contes, connus désormais sous le nom de "Contes de Grimm". Jacob et Wihelm Grimm D'autres écrivains s'étaient attelés à des travaux similaires, en particulier Charles Perrault (Contes de la mère l'Oye, paru en 1697) et Giambattista Basile (écrivain italien dont les contes furent publiés en 1634). Mais ces deux derniers étaient davantage des artistes que des chercheurs : s'étant fortement inspirés de contes et légendes populaires, ils les ont embellis pour les rendre agréables à la lecture, ce qui n'est pas le cas des frères Grimm. Quoiqu'il en soit, plusieurs contes sont en commun aux trois auteurs (Grimm, Perrault et Basile), mais dans des versions différentes : La Belle au bois dormant, Le petit chaperon rouge, Cendrillon. Ayant été écrits à des époques et dans des pays différents, cela témoigne de l'extraordinaire popularité que pouvaient avoir ces contes en Europe ! LE DECOR La plupart des contes de Grimm commencent par "Il était une fois", ou bien "Il y a très longtemps, dans un royaume lointain"... Dès le départ, on est parachuté dans un univers sans aucun lien avec le monde actuel, très loin dans l'espace et le temps, une sorte de monde inaccessible et étrange où les repères semblent ne plus être les mêmes. Il y est alors question de royaumes, de châteaux, de rois, de princesses, de forêts profondes et de cours d'eau. Un univers médiéval, merveilleux mais souvent angoissant, où l'on peut rencontre le meilleur comme le pire. La forêt : La forêt, symbole de ténèbres, de profondeurs, de labyrinthe inextricable où l'on peut s'attendre à découvrir des choses insoupçonnées, des créatures étranges ou des trésors. La forêt représente (entre autres) les profondeurs de l'inconscient, à l'intérieur duquel il faut fouiller pour résoudre l'énigme. L'eau Lacs, rivières, ruisseaux, océans, l'eau est également omniprésente dans les contes de fées. Dans L'eau de vie, les héros se mettent en quête de l'eau qui permettra de guérir leur père mourant. L'eau est un symbole de féminité et de pureté. Une eau pure peut guérir et régénerer celui qui la boit, une eau salie peut au contraire le détruire. Les autres pouvoirs de l'eau sont sa faculté d'absorbtion et de réflexion (réflexion dans le sens : refléter). Le château Les châteaux des contes de fées sont en général grands, beaux, somptueux, construits avec délicatesse, luxueux, parés d'or, entourés de jardins magnifiques, fleuris et fruités, où il fait bon se promener. Le château apparaît comme un véritable jardin d'Eden où il fait bon vivre, confortable, reposant et sécurisé. Le château de Neuschwanstein en Bavière Les puits : le puits, symbole de descente dans la profondeur, est le lieu de plusieurs contes (notamment La lumière bleue). La montagne : la montagne, symbole d'élévation et donc de spiritualité. La mer et les océans : symbole du voyage, long, parfois interminable et monotone, qui aboutit sur des contrées ou des îles nouvelles. LES PERSONNAGES Un trio revient souvent dans les contes de fées, c'est la triade Princesse-Roi-Héro. La Princesse La principale caractéristique de la princesse, c'est bien évidemment sa très grande beauté. Et les auteurs ne tarissent pas d'éloge pour la décrire : "Elle était si belle que quiconque s'approchait d'elle ne pouvait que l'aimer", "Elle était si belle que quiconque posait le regard sur elle ne pouvait plus en détourner ses yeux". Cette beauté, toutefois, semble ne pas toujours aller de soi. Bien souvent, quand la princesse est revêtue de loques et de haillons (comme dans Cendrillon), personne ne la remarque. Et ce n'est que le jour où elle revêt une belle robe que les hommes s'émerveillent devant elle. Ce fait, commun à plusieurs contes, semble montrer que la beauté n'est rien si elle n'est pas "libérée", en l'occurence par le biais d'une robe. Mais surtout, cette beauté semble être avant tout la conséquence de la très grande pureté de la princesse. Celle-ci est pure, douce, innocente, d'une simplicité qui frôle parfois la naïveté. Cette naïveté lui joue des tours, mais lui permet aussi de s'attirer la sympathie de créatures généreuses, et c'est en quelque sorte grâce à sa pureté que la princesse réussit à franchir les épreuves du chemin. Le Roi Le roi, père de la princesse, est en général un homme bon, noble, loyal, qui tient ses promesses. Sa principale préocupation consiste à trouver un mari digne d'épouser sa fille. Et pour cela il n'hésite pas à lancer des défis surhumains à tous les prétendants. Malgré le danger de mort, les prétendants sont nombreux, mais il n'y a qu'un seul élu... Le Héros Le héros, qui parfois est lui-même un beau prince, d'autres fois un simple fils de paysan, est très souvent le petit dernier d'une fratrie de trois. Il entend parler du défi lancé par le roi et veut tenter sa chance. Ses deux frêres ainés s'y essaient avant lui et échouent lamentablement. Le petit cadet se lance à son tour dans la quête et, avec l'aide de créatures (animaux, nains, fées), réussit l'exploit. D'une manière générale, les contes de fées semblent signifier que c'est toujours le dernier fils ou la dernière fille qui est le plus malin, le plus astucieux, le plus simple et le plus honnête. Au contraire, les fils aînés et les filles aînées y apparaissent comme des êtres très maladroits et stupides, parfois même méchants. Les enfants Bien souvent, le héros n'est pas un prince et l'héroïne n'est pas une princesse : au contraire, ce sont des enfants pauvres, parfois orphelins, vivant dans le dénuement le plus total. C'est le cas de Hansel et Gretel, dont les parents sont pauvres au point de les abandonner dans la forêt. Dans ce cas, la trame de l'histoire n'est plus celle d'un jeune homme qui veut épouser une princesse, mais celle de deux pauvres enfants en quête d'une vie meilleure et plus heureuse. Ces histoires, très touchantes, sont parfois déchirantes et terriblement tristes. Les nains Les nains, créatures masculines de petite taille, vivent dans la forêt loin des humains. En effet, les nains ne portent guère les humains dans leur estîme, évitent au maximum de s'en approcher et n'hésitent pas à leur jouer de mauvais tours. Ce sont des êtres rustres, sans manière et sans politesse. Mais avant tout ce sont des êtres sincères : si un nain vous accorde son amité, alors il deviendra pour vous le plus fidèle des compagnons et vous sera d'un grand secours pour franchir tous les obstacles avec succès ! Les nains sont aussi souvent en possession de secrets très utiles dans la quête de l'héroïne ou du héros. Les fées Alors que les nains sont des personnages droits et sincères, les fées sont beaucoup plus ambigües. Certaines sont bénéfiques, d'autres sont maléfiques. Leur principale caractéristique est de pouvoir offrir des dons aux nouveaux-nés. Dans La Belle au bois dormant, le roi invite douze fées autour du berceau de sa fille afin qu'elles lui prodiguent leurs qualités : beauté, richesse, vertu, etc... Mais il y avait au royaume une treizième fée qui, n'ayant pas été invitée, lance un ensorcellement sur la princesse et tout le château. Les animaux Les animaux sont bien évidemment très présents dans les contes de fées : renards, grenouilles, oiseaux, ânes, moutons, tout le bestiaire des campagnes du Moyen-âge y est présent. Parfois, ces animaux ont la parole et peuvent conseiller les humains. D'autres fois, ils sont eux-mêmes les protoganistes de l'histoire, et alors cela ressemble beaucoup aux histoires de Renart le goupil, si populaire dans la France du Moyen-âge, et qui a inspiré bon nombre de fables de La Fontaine. D'autres fois encore, l'animal n'est autre qu'un être humain victime d'un ensorcellement : c'est le cas du fameux prince charmant transformé en crapaud et qui, pour retrouver sa forme initiale, doit recevoir le baiser d'une princesse. LES INVARIANTS Les contes de fées ont souvent les points suivants en commun : La magie Ensorcellements, charmes, phyltres, enchantements, baguettes, transformations : la magie est un élément incontournable de tout conte de fée ! Pourtant, les magiciens et magiciennes y sont plutôt rares. La magie est plus souvent l'oeuvre des créatures de la forêt (en particulier les fées), ou bien des sorcières, voire encore de certains animaux. L'amour L'amour est évidemment une composante fondamentale du conte de fée. Souvent, il est d'abord à sens unique : l'amour fou du héros pour la princesse. A sens unique car cette dernière, reclue dans sa chambre au château, ignore l'existence même du héros. Mais lorsque celui-ci réussit avec succès le défi lancé par le roi, la princesse en tombe aussitôt amoureuse. Et beaucoup de contes de fées se terminent par un beau "Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours". Le sexe est absent des contes de fées... du moins en apparence. Dans un conte, un prince charmant transformé en crapaud ne pourra retrouver sa forme initiale qu'à condition de passer trois nuits dans le lit d'une princesse. Hormis quelques rares passages tendencieux comme celui-ci, les amours de contes de fées sont purs et platoniques (les psychanalistes, toutefois, qui ne peuvent pas s'empêcher de voir du sexe partout, sont un peu moins formels sur ce point, mais nous verrons cela plus loin). L'épreuve Que ce soit l'épreuve à laquelle le héros se soumet pour conquérir la princesse, ou bien les innombrables obstacles que les petits enfants pauvres doivent franchir pour trouver un peu de bonheur et de liberté, les contes de fées sont presque toujours l'histoire d'une quête, d'un parcours initiatique qui mène d'une condition triste à une existence heureuse et harmonieuse. L'horreur La violence, l'horreur, le macabre, est aussi une composante essentielle des contes de fées. Meurtes et tentatives de meurtres y sont monnaie courante. Dans Hansel et Gretel, la sorcière enferme le petit garçon dans une cage afin de l'engraisser puis le dévorer. Dans un autre conte, des dizaines de jeunes filles finissent noyées dans la mer. Dans un autre, la petite héroine se coupe un doigt pour s'en faire une clé afin d'ouvrir une porte. Et on pourrait citer encore de nombreux autres exemples... Quoiqu'il en soit, tous les contes de fées se terminent en beauté : tout est bien qui finit bien. INTERPRETATION PSYCHANALYTIQUE Les psychanalystes se sont penchés sur les contes de fées. On citera notamment l'ouvrage de Bruno Bettelheim : Psychanalyse des contes de fées, publié en 1976. Selon Bruno Bruno Bettelheim, le conte de fée contribue à construire le psychisme de l'enfant, en mettant en scène des personnages correspondant à des entités présentes dans le psychisme de l'auditeur. Par exemple, lorsque la mère de la princesse meurt et qu'elle est remplacée par une belle-mère acariâtre et méchante, ce serait une illustration du complexe d'Oedipe, quand la petite fille entre en opposition avec sa mère. Ou bien encore, dans Blanche-Neige, lorsque le sang jaillit du doigt de la reine, ce serait l'entrée de la fillette dans la vie d'adulte, après les premières menstruations. Tout ceci est intéressant, je ne dis pas, mais encore une fois, les psychanalystes semblent ignorer complètement que le sexe n'est que la manifestation d'un principe supérieur, à savoir l'attirance/complémentarité entre les pôles Masculin et Féminin. Etudier la sexualité sans avoir cela à l'esprit, c'est réduire l'homme a ce qu'il a de plus lourd et de plus grossier. Il est beaucoup plus efficace, je pense, d'étudier les contes de fées (comme tout autre récit) du point de vue des principes. L'ESOTERISME Les contes de fées sont des récits ésotériques. Outre la magie, le parcours initiatique, ils sont truffés de symboles qui renvoient à l'alchimie, à l'astrologie, à la science des nombres et bien d'autres arts encore. Trois chiffres reviennent régulièrement : Le 3 : symbole de l'esprit et du travail alchimique. Trois frères qui partent en quête de la princesse, trois épreuves à accomplir, trois tentatives de meurtre, etc... Le 3 renvoie aux trois éléments fondamentaux de l'alchimie médiévale (sel, soufre, mercure). Le 7 : symbole de l'union de la matière (chiffre 4) et de l'esprit (chiffre 3), le 7 est également très présent dans les contes de fées, surtout dans les notions de temps qui s'écoulent par cycle de sept années. Le 7 renvoie aux sept planètes dites "anciennes". Le 12 : douze soeurs, douze frères, les douze fées dans la Belle au bois dormant. Renvoie aux 12 signes du Zodiaque. INTERPRETATION PERSONNELLE Voila comment, personnellement, j'interprète les contes de fées. Peut-être suis-je à côté de la plaque, mais peut-être y a-t-il un fond de vérité dans tout cela ? Considérons les éléments fondamentaux que sont le château, la princesse, le roi et le héros. Le château serait en quelque sorte le paradis, le jardin d'Eden : un état d'être sublîme, où règne le bonheur, l'amour, la paix et la sincérité. Le but de la quête consiste à s'installer dans ce château. La princesse, ce serait l'âme, entité féminine. Le Roi, c'est l'esprit, entité masculine. Le héros, c'est le disciple qui est en chacun de nous, c'est à dire la part de nous qui cherche à se libérer, à trouver la lumière. L'esprit (le roi) est parfait, pur, intemporel, c'est la part de diamant en nous, diamant inaltérable. Tandis que l'âme (la princesse) est une sorte de couche reposant sur l'esprit (on compare souvent l'âme au blanc de l'oeuf, quand l'esprit serait le jaune). Lâme doit donc apprendre, découvrir, en se frottant au monde et aux dures lois de l'univers. Et cette découverte engendre la souffrance, l'émotion, qui ternit l'âme et la rend impure. Parfois (dans Blanche-Neige ou dans la Belle au bois dormant), la princesse plonge littéralement dans un sommeil profond, symbole de l'être perdu dans le monde et coupé de la réalité supérieure. Au début du conte de fée, la princesse est déjà dans le château. Mais elle ne l'occupe pas pleinement : soumise à son père et à sa mère, elle est souvent reclue dans sa chambre. L'âme (la princesse) est donc prisonnière. Dans le jardin d'Eden, oui, mais dans une minuscule partie de celui-ci, plus oppressante qu'autre chose. Le travail du disciple consiste donc à purifier l'âme. Après de multiples épreuves, cette purification s'accomplit par la fusion du disciple et de l'âme : le héros et la princesse se marient et ne forment désormais plus qu'un corps. Alors, ils forment désormais une entité unie qui peut entrer tranquillement au château, au jardin d'Eden, et l'occuper pleinement Voila, j'espère que cette petite synthèse ne vous aura pas trop ennuyés, et que vous aurez eu la patience de la lire jusqu'au bout. Dans un prochain article, j'aimerais me consacrer au conte qui me semble le plus mystérieux et le plus profond : Blanche-Neige. En attendant, n'hésitez pas à poster toutes vos réactions et commentaires. A bientôt.
Edité le 15-05-2011 à 00:05:02 par Sol |
| | Posté le 13-01-2010 ŕ 17:55:04
| Quel plaisir de retrouver ta prose ! Je manque de temps en ce moment, mais ce texte m'inspire... Je ne m'attarderais que sur l'interpretation ésotérique, qui est celle qui me parle le plus aprés avoir lu le travail de synthèse que tu as fais. Les contes à princesse (cendrillon, blanche neige, la belle au bois dormant et dans une moindre mesure rapunzel) sont assez "sexiste", certainement du au contexte social à l'époque de leur rédaction et le chemin initiatique de ces héroines n'est pas le même que celui d'héros d'autres contes beaucoup plus ésotérique ou initiatique et je ne suis pas sur que l'intention de l'époque ait été de créer ici des contes initiatiques... Cela dit, si on s'ttarde sur une interprétation ésotérique de ces contes, j'accroche totalement a l'identification de la princesse avec l'âme avec sa beauté et sa pureté, son inacessibilité, son besoin d'être réveiller ou découverte, ainsi qu'au reste de ton intérprétation ésotérique. Mais je ne la vois pas comme une représentation de la féminité. Il manque ici 2 personnages aussi récurrent que le roi, le héros et la princesse... La bonne fée et la sorcière, ou la mère et la belle-mère. J'y vois ici la représentation féminine : la lune avec son coté éclairé (diane) et son coté sombre (hécate). La mère de blanche neige meurt en lui donnant la vie et sa belle mère la poursuit pour la tuer, cendrillon a elle sa marraine (ou sa mère) qui l'aide et sa belle mère qui la maltraite. Toute les deux sont les seuls a utiliser la magie dans ces contes. Le roi c'est Dieu, c'est kether, l'esprit et le soufle divin; il est un, indivisible, intègre. La reine/sorcière c'est le deux, binah avec son ambivalence et sa double polarité, c'est la magie a proprement parler, amorale elle peut construire ou detruire, aider ou freiner. Et ensuite seulement viens le triptique esprit, corps et âme... Pour moi, si la princesse est une représentation de l'âme, le héros est une représentation de l'esprit, l'âme est liée au corps mais celui-ci est "sans vie" ou "endormie" tant que la réunion n'as pas eu lieu. C'est la transmutation alchmique, la quintessence des éléments, la pierre philosophale, le but ultime, reveiller la princesse, reunir ou plutot découvrir l'union merveilleuse... Pour les autres contes "sans princesse" (petit chaperon rouge, hansel et gretel ) l'intrepretation ésotérique serait bien différentes (qui s'y colle). Quand au légende, guillaume tell et autre joueur de flute de hamelin, elles ont quand à elle certainement un fond de vérité (à la manière de la guerre de troie dans l'illiade), mais c'est une autre histoire. J'attends avec impatience ton interpretation de blanche neige... Grü L. |
| | Posté le 21-01-2010 ŕ 15:54:05
| Bonjour, Je ne crois pas, moi non plus, que les contes de fees aient ete ecrits par des maitres ou des inities. Le public vise est un public d'enfants. On ne peut pas comparer Blanche-Neige avec la Table d'Emeraude, ou la Belle au bois dormant avec le livre d'Enoch Mais il est indeniable que ces contes sont remplis d'allusions et de references aux arts occultes pratiques en Occident au Moyen-Age (alchimie, magie, astrologie, tarrot, etc) et c'est cela qu'il est interessant d'etudier selon moi, sans non plus s'attendre a des revelations hors du commun. Effectivement, il y a peut-etre une part de sexisme dans les contes. Certaines feministes se sont indignees, pretendant que les contes de fees preparaient la fillette a son futur role d'epouse et de mere au foyer, prenant l'exemple de Blanche-Neige, qui reste a la maison pour faire le menage et preparer le repas quand les nains sont au travail. Bien que ce genre de considerations tres "materielles" me laissent totalement indifferente, je ne peux tout de meme pas laisser dire que les heroines des contes de fees sont des jeunes filles passives et soumises ! Au contraire, dans la plupart des contes, la princesse mene l'intrigue, dejoue les pieges (ou tombe dedans), noue des amities avec les autres creatures, resoud les enigmes, etc... Bref, on ne peut vraiment pas dire qu'elle se contente de faire la belle plante en attendant que le prince charmant vienne la liberer. Une autre critique assez courante : certains reprochent la trop grande part d'horreur et de macabre contenus dans les contes. Certes, mais plongeons nous un peu dans le psychisme de l'enfant : ce n'est pas juste des nuages blancs et des fleurs bleues. Le psychisme de l'enfant est rempli d'angoisses, de terreurs, et a travers le conte il comprend comment les surmonter. Car les contes de fees peuvent etre vus comme des combats entre les forces du bien et du mal, forces presentes dans le psychisme de chacun d'entre nous. Et a la fin, le Bien triomphe toujours du Mal Une autre critique, qui parait opposee a la precedente, c'est que les contes de fees donneraient soit-disant une image eronee de la realite. Elle tromperait l'enfant en lui faisant croire a des choses qui n'existent pas. Mais selon moi, le gout du merveilleux est indispensable au psychisme de l'enfant (et meme de l'adulte !) Et c'est justement l'un des drames du monde moderne : on a completement perdu ce gout du merveilleux, du sublime, tellement present dans les contes de fees. Je dirais meme que le merveilleux, bien loin de destabiliser l'enfant, contribue au contraire a son equilibre interne. Et puis par ailleurs, dire que les contes de fees sont des histoires a dormir debout, c'est un peu rapide non ? Nous sommes nombreux sur ce forum a croire (savoir) que la magie, l'alchimie, etc, sont des choses bien reelles et pas juste des fantasmes moyen-ageux. Par ailleur, nous sommes egalement nombreux a croire en l'existence de creatures telles que gnomes, elfes, fees, peut-etre meme que certains d'entre vous en ont deja vus. Donc finalement, ces histoires ne seraient pas si extravagantes que cela. Pour conclure, j'aimerais faire une derniere petite reflexion, plus ou moins humoristique mais qui peut etre contient un fond de verite. Je me plais a penser parfois que ces contes de fees sont le souvenir d'une epoque lointaine mais bien reelle, quand l'etre humain en etait a une etape precedente de sa chute dans la matiere, en ces temps ou il possedait encore des pouvoirs qui aujourd'hui lui font completement defaut. Et par ailleurs, le jour ou nous aurons touche le fond et que nous amorcerons une remontee vers l'Esprit, nous passerons a nouveau par cette etape, reflet de la precedente mais cette fois-ci dans le sens ascendant. N'allez pas croire que je m'imagine que ces contes sont des histoires vraies et veridiques, non, je dis simplement que l'univers des contes de fees pourrait etre similaire a un univers dans lequel l'homme a evolue jadis, et dans lequel il evoluera a nouveau un jour. Ainsi, les contes de fees seraient soit les vestiges d'une epoque revolue, soit un avant-gout d'une epoque future, et meme probablement les deux a la fois PS : desolee pour les accents, je suis sur un clavier qwerty. |
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