Sujet : L'erreur de la Magie D'amour. | | Posté le 10-02-2014 à 12:02:24
| Salut, La magie d’amour est une erreur. Ovide disait que les charmes d’amour ne provoquaient que « malheur et désolation », mais pourquoi donc les auteurs antiques avaient-ils cette vision ? Pour eux « amour » était « le plus beau » des dieux, Platon dit même « le premier » suivant la cosmologie d’Hésiode. L’amour est dans la conception antique, un concept qui « précède » l’acte créateur. L’amour « est », il n’est pas créé. Dans la même optique, Ovide disait encore que la magie « ne pouvait pas créer d’amour. Encore faudrait-il au préalable définir ce qu’est l’amour. Et ici nous nous retrouvons face à la première difficulté, expliquer l’amour avec des mots est quasi tâche impossible, Descartes, et après lui les psychologues moderne, classifient les « émotions humaines » en 5 ou 6 émotions primordiales, ce qui si l’on tentait de les rapprocher d’une vision « ésotérique » et surtout « élémentaire » donnerait les couples suivant : amour/haine pour le feu, peur/calme pour l’air, joie/tristesse pour l’eau. L’amour serait alors comme le feu primordiale de l’univers ? Un concept intéressant, qui rejoint la pensée antique, et finalement la pensée de tout un tas d’école ésotérique, ne dit-on pas « tout est amour » ? C’est ce que signifie cette affirmation, l’amour serait à l’origine de toute émotions et elle serait partout.
Citation :
On peut facilement remarquer qu'il n'y en a que six qui soient telles [simples et primitives] ; à savoir l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse ; et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou bien en sont des espèces. Descartes, Les Passions de l'âme, art. 69 |
On définit donc l’amour, souvent par ses effets corollaire, on aime donc on a « peur » de perdre, on aime donc on est « joyeux », on perd l’amour donc on est « triste », on a pas d’amour donc on est « haineux », l’amour serait donc l’origine de toute les émotions ? L’amour « est », il faut le vivre pour comprendre ce que c’est, on peut difficilement le définir tellement l’amour est vaste, amour sexué, amour fraternel, amour familial, etc… Par contre on peut facilement définir ce qu’il n’est pas . L’amour n’est pas « possession » de l’autre, aimer c’est aimer l’autre comme il est, sans vouloir le changer ni le brider de ses propres libertés ou choix, et vouloir à tout prix une image idéale que la société nous impose ou veut nous vendre. L’amour n’est pas « attirance sexuel », les deux sont largement différent, on peut aimer ses enfants ou ses parents d’un amour parfois beaucoup plus fort, et ici aucune attirance physique en jeu. L’amour est par définition une expression même du libre arbitre, l’amour est un don de soi, pour le bonheur de l’Autre. Et quand on se connecte au « tout », quand on approche l’univers, quand on l’effleure et qu’on commence à percevoir ce lien subtil qui nous unit au tout, alors on peut enfin comprendre pourquoi l’on dit que « tout est amour ». Comment donc l’amour, qui est une expression du libre arbitre, qui "est" en tous temps et en tous lieux, pourrait-il être « créé », et d'autant plus sous la contrainte ? Cela semble impossible. Les charmes d’amour peuvent créer des « effets » qui simuleront la « cause » (en l’occurrence l’amour) mais ça n’est pas de l’amour. Alors peut-on croire les marabouts qui feront revenir l’être aimé « comme un chien la queue entre les jambes » ? Bien sûr, c’est possible et même pas si compliqué que ça, mais ça n’est pas de l’amour. Je peux aussi payer une prostitué pour lui demander de me dire « je t’aime », c’est la même chose, ça n’est pas de l’amour, c’est une illusion. Et cet illusion puisqu’elle entraine uniquement certains des effets de l’amour mais aucunement les causes, entraine malheur et déception, et c’est ce qu’Ovide déjà indiquait :
Citation :
C'est une erreur grossière que d'avoir recours à l'art des sorcières thessaliennes, ou de faire usage de l'hippomane arraché du front d'un jeune poulain. Les herbes de Médée, les chants magiques des Marses ne pourraient faire naître l'amour. Si les enchantements avaient ce pouvoir, Médée eût captivé pour toujours le fils d'Eson, Ulysse eût été retenu par Circé. Il est donc inutile de faire boire aux jeunes filles des philtres amoureux : les philtres troublent la raison et n'engendrent que la fureur. Ovide – L’art d’aimer – Livre II |
La magie « rose », « rouge » ou « verte à poids rose » (si on utilise les plantes pour faire des charmes), est une perte de temps, et une illusion de la pire espèce. D’autant que notre « mental » est capable de « simuler » des émotions, de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, c’est la distinction entre le « sentiment » et l’ « émotions », l’émotion est l’énergie primordiale de l’univers, de par la définition même sémantique de ce mot, « qui met en mouvement », hors c’est ce qu’est l’énergie en réalité, quelque chose qui « met en mouvement ». Les émotions sont donc présente chez les animaux, chez les esprits, chez les démons et les anges et toute les créatures immatérielles, mais les « sentiments », c’est-à-dire les émotions qui ne sont pas basées sur du « réel », ça il n’y a que les humains qui l’expérimente, c’est la « maya », l’illusion du mental, c’est ce qui fait dire qu’il faut se « libérer du mental », cette affirmation ésotérique n’a jamais signifié qu’il fallait arrêter de réfléchir, arrêter de faire fonctionner son esprit critique, et être un Epiméthée au lieu d’un Prométhée, faire sans réfléchir au lieu de réfléchir et ensuite d’agir. La libération du mental signifie qu’il faut apprendre à faire « la part des choses », ne pas vivre dans une illusion mental qu’on se construit. Il est facile de « croire » qu’entendre des voix, sentir des choses qui n’existe pas « physiquement », est forcément relié au monde des esprits et à des expériences surnaturelles, mais cela peut tout aussi bien, voir le plus souvent, être le fruit de notre mental. Je vais prendre un exemple, parce que je sais que ce sont des concepts qui ne sont pas facile à comprendre. Si vous êtes en face d’un Ours, et que vous avez peur, c’est une émotion, c’est normal et vital, si vous êtes dans votre bain ou votre lit et que vous avez « peur » de ce que demain sera fait, ça c’est mental, vous anticipez une situation qui n’existe pas, vous êtes dans le mental, vous expérimentez du « stress », et le « stress » ça tue plus de monde que la clope. Et il faut savoir bien faire la différence, dans la vie, et surtout en magie, c’est une des première chose qu’on devrait apprendre, apprendre à se connaitre, et comme disait le fronton du temple de Delphes « Connais-toi toi-même », c’est la première et la plus importante des étapes sur le chemin, celle qui mène vers la vrais libération.
Citation :
La sensation fallacieuse de liberté s’explique du fait que ce qui conditionne notre action est généralement du domaine de l’inconscient, et que par contre le discours logique est, lui, du domaine du conscient. Henri Laborit, Éloge de la fuite, Éditions Robert Laffont, 1976 . |
Avec l’amour c’est pareil, il faut aussi savoir distinguer l’amour réel, émotion pur et qu’on ne peut créer, de l’amour qu’on s’ « imagine » et/ou qu’on « rationalise », qui lui n’est qu’une illusion qui ne dure pas. Baser une relation d’ « amour », uniquement sur la reproduction sexuée par exemple, est une illusion, on s’imagine qu’on aime parce que notre corps, nos hormones, notre programmation génétique et animal, nous envoie des impulsions que nous transformons « mentalement » en « amour », mais ça n’est pas de l’amour, quand l’attirance part, il ne reste plus rien et ce faux amour, cette illusion se révèle pour ce qu’elle est réellement. Je m’arrête là, je crois avoir suffisamment tenté d’expliquer pourquoi la magie d’amour est une erreur. Je sais bien que quand on à 18ans, ou moins, on aura du mal à comprendre ce que j’explique, car on a peut-être pas encore l’expérience ni la maturité nécessaire, de toute manière nous ne sommes pas tous égaux devant notre manière de comprendre et d’interpréter nos expériences et notre environnement, comme disait Bardon, et sur ce sujet il avait raison, la vérité est subjective (ou ailleurs pour Mulder)… Grüssi Abra |
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