Sujet : Jardin des Tarots | | Posté le 05-07-2006 à 02:02:13
| Bonjour ! C'est au travers d'un documentaire que j'ai fait connaissance du "Jardin des Tarots" de l'artiste Niki de Saint Phalle . J'avais été subjuguée par sa façon de voir et de représenter les arcanes du Tarot. Je vous livre une petite partie de sa biographie:
Citation :
1979-1996 Se consacre principalement à la construction du "Jardin des Tarots", à Garavicchio, dans le Sud de la Toscane. Il s'agit d'un ensemble de 22 sculptures monumentales, certaines sont habitables, inspirées des arcanes majeurs du Tarot. Elles sont construites en béton et sont recouvertes d'un mosaïque de miroirs, de verre et de céramique colorée. |
Je sais que c'est une artiste très connu. Moi je n'ai découvert son univers artistique seulement au travers d'un documentaire qui lui était consacré. Discrète sur sa maladie à l'époque ou le doc a été tourné, elle semblait souffrir dans sa chair quand elle se consacrait encore à l'aménagement du Jardin des Tarots. On n'aime ou on n'aime pas hein.... dans le domaine de l'art il n'existe pas de notion de bon ou de mauvais goût. Mais ce que j'apprécie dans ce qu'elle a fait c'est que l'on puisse gouter justement. Dans la plupart des expos, les visiteurs n'ont pas le droit de toucher une sculpture, un tableau. Mais ses sculptures se laissent touchées, et certaines d'entre elles se laissent pénétrer même, puisqu'elles sont habitables. Elle a désacralisé ce qui n'a pourtant rien de profane, et exalte toutes les mystiques par la sensualité et la volupté. Je n'ai encore jamais eu le bonheur de visiter le Jardin des Tarots mais j'espère un jour créer l'occasion. J'ai visité le site officiel, et j'ai eu le plaisir de constater que l'entrée au Jardin des Tarots est gratuite quelques jours dans l'année, selon les volontés de la Grande Dame ! Je vais donner le lien d'un site qui n'est pas le site officiel. Mais pour ceux qui veulent découvrir le site officiel, ils pourront y aller par cette page aussi. Mon choix s'est arrêté sur ce site car en bas de page, on peut voir chaque nom d'arcane et cliquer pour voir sa représentation dans le Jardin. http://karaart.com/saint.phalle/tarots/fr/cartes.html Je suis certaines que les quelques amoureux des Tarots seront comblés par la visite du Jardin. Le mieux au final c'est la laisser parler d'elle-même: Cher Pontus, New York, octobre 1991 Quand devient-on rebelle? Dans le ventre de sa mère? A cinq ans, à dix ans? Je suis née en 1930. ENFANT de la DÉPRESSlON. Pendant que ma mère m'attendait, mon père perdit tout leur argent. En même temps elle découvrit l'INFIDELITÉ de mon père. Elle pleura tout au long de sa grossesse. J'ai ressenti ces LARMES. Plus tard elle me dirait que TOUT ÉTAIT DE MA FAUTE. Les ennuis étaient venus avec moi. Je la crus. Certaines cartes du Tarot me furent distribuées le jour de ma naissance : le Magicien (carte de la créativité et de l'énergie) elle Pendu (réceptibilité et sensibilité à tout et à chacun). On me tendit aussi la carte de la Lune (imagination et son contrepoint : imagination négative). Ces cartes deviendraient le matériau, le canevas sur lesquels je peindrais ma vie. Je prouverais que ma mère avait TORT! Je passerais marie à prouver que j'avais le DROIT D'EXISTER. Un jour ma mère serait fière de moi devenue riche et célèbre. Le plus important pour moi était de prouver que j'étais capable d'aller au bout de mes projets. Un jour j'accomplirais le plus grand jardin de sculptures jamais fait depuis le Parc de Gaudi à Barcelone. O.K. Peut-être avais-je précipité la chute de la Banque de Saint Phalle mais je deviendrais beaucoup plus célèbre que la banque de mon père. Oui je prouverais que ma mère avait TORT et je prouverais aussi qu'elle avait RAISON. Un jour je ferais une chose impardonnable. La pire chose denture femme soit capable. J'abandonnerais mes enfants pour mon travail. Je me donnerais ainsi une bonne raison de me sentir coupable. Enfant je ne pouvais pas m'identifier à ma mère, à ma grand-mère, à mes tantes ou aux amies de ma mère. Un petit groupe plutôt malheureux. Notre maison était étouffantes. Un espace renfermé avec peu de liberté, peu d'intimité. Je ne voulais pas devenir comme elles, les gardiennes du foyers, je voulais le monde et le monde alors appartenait aux HOMMES. Une femme pouvait être reine mais dans sa ruche et c'étai tout. Les rôles attribués aux hommes et aux femmes étaient soumis à des règles très strictes de part et d'autre. Quand mon père quittait tous les matins la maison à 8 h 30 après le petit déjeuner, il était libre (c'est ce que je pensais). Il avait droit à deux vies, une à l'extérieur et l'autre à la maison. Je voulais que le monde extérieur aussi devienne mien. Je compris très tôt que les HOMMES AVAIENT LE POUVOIR ET CE POUVOIR JE LE VOULAIS. OUI, JE LEUR VOLERAIS LE FEU. Je n'accepterais pas les limites que ma mère tentait d'imposer à ma vie parce que j'étais une femme. NON. Je franchirais ces limites pour atteindre le monde des hommes qui me semblait aventureux, mystérieux, excitant. Ma nature optimiste m'y aida. J'avais besoin d'héroïnes auxquelles m'identifier. A l'école le cours d'histoire n'était qu'une longue litanie sur la supériorité de l'espèce mâle et cela m'ennuyait à mourir. On nous parlait bien de quelques femmes : la Grande Catherine, Jeanne d'Arc, Elizabeth d'Angleterre, mais il n'y en avait pas assez pour moi. Je décidai de devenir une héroïne. Dans les innombrables contes de fées que ma grand-mère me lisait je m'étais déjà identifiée avec le héros. C'était TOUJOURS un garçon qui faisait toujours des bêtises. N'écoutant que sa voix intérieure et ne perdant jamais de vue le but final, le héros, après bien des difficultés, finissait par trouver le trésor qu'il recherchait. Je ne souhaitais pas rejeter entièrement ma mère. D'elle j'ai retenu des choses qui m'ont donné beaucoup de plaisir : mon amour des vêtements, de la mode, des chapeaux, des tenues de soirée, des miroirs. Ma mère avait beaucoup de miroirs dans sa maison. Des années plus tard, les miroirs deviendraient un des matériaux essentiels que j'utiliserais dans le Jardin des Tarots en Italie et dans le Cyclope dans la forêt de Fontainebleau, non loin de Paris. Ma mère était une grande amoureuse de la musique, de l'art, de la bonne cuisine. Toutes ces choses, je les ai reçues en partage et elles m'ont aidée à rester en contact avec ma féminité. Ma mère avait un certain style et du charme. J'aimais sa beauté et le pouvoir qu'elle lui donnait, j'aimais son No 5 de Chanel, sa coiffeuse en verre des années 30 recouverte de crèmes, de poudres et de rouges à lèvres. J'adorais ses boucles brunes, sa peau lisse et blanche. Elle ressemblait à l'actrice Merie Oberon. Ma mère, cette merveilleuse créature dont j'étais un peu amoureuse (quand je n'avais pas envie de la tuer) je la voyais comme prisonnière d'un rôle imposé. Un rôle qui se transmettait de génération en génération selon une longue tradition jamais remise en question. Le rôle des hommes leur donnait beaucoup plus de liberté et J'ETAIS RESOLUE A FAIRE MIENNE CETTE LIBERTE. Mon frère John fut encouragé à faire des études. Pas moi. J'étais jalouse et pleine de rancune que le seul pouvoir que l'on me reconnût fût celui de séduire les hommes. Personne ne se souciait que j'étudie ou non, du moment que je passais mes examens. Tout ce que voulait ma mère était que j'épouse un homme riche et socialement acceptable. Adolescente, j'ai refusé mon père et ma mère comme modèles; j'ai refusé aussi leur position sociale. La seule pièce de la maison où je trouvais confort et chaleur était la cuisine, auprès de la domestique noire. A huit ans, tout mon argent de poche allait à l'achat de bandes dessinées de Wonderwoman et Batman. (Je n'avais pas le droit de les lire et les cachais sous mon matelas.) Une partie de l'argent que je volais à mon père et à ma grand-mère allait aux mendiants. J'aimais bien les mendiants. Ils avaient souvent l'air plus réels qu'un tas de gens circulant dans les rues de New York. C'était 1940 et j'avais dix ans. J'allais à l'Ecole du Sacré-cœur, école religieuse de filles, dans la 91ème rue Tous les mois on donnait à la meilleure de la classe un superbe ruban rouge. Je ne l'ai jamais eu (quoi d'étonnant, je ne faisais rien). Un jour je décidai de sortir et d'acheter un ruban rouge que je fixai sur moi uniforme, comme si j'avais eu le prix d'excellence. Ce ne fut pas apprécié. L'uniforme de l'école était vert, un vilain vert foncé avec une blouse beige et une cravate verte. Pas surprenant que je désire ardemment la décoration rouge. Au Noël de 1940 les nonnes nous conduisirent à HARLEM pour apporter des cadeaux aux pauvres familles noires. Comme je me sentais gênée pour ces gens! Nous étions une dizaine entourant une nonne qui fit un discours ridicule puis deux dames noires nous remercièrent. Je me rapelle avoir pensée : si j'était à leur place, je vous haïrais. J'avais honte. Les rues de New York et leur misère et leur agitation furent une vrai école de la vie. Dehors nous parlions anglais alors que le français était de rigueur à la maison. En ce temps-là l'éducation française cela voulait dire que les enfants pouvaient se montrer mais pas se faire entendre. Pas de sottises. Finir ce que l'on a dans l'assiette ("Pense aux petits chinois qui n'ont rien à manger"...). Si je répondais (ce qui m'arrivait souvent) je recevais une giffle (pratique courante à l'époque). Je fus exposée très tôt à des influences culturelles diverses et parfois conflictuelles, ce qui m'amena vite à me faire ma propre idée des choses. Et je choisis ce que je voulais croire. Ma tante Joy (de Georgie; donc du côté américain de la famille) était une adorable vielle dame qui me gâtait, me lisant des contes ou m'amenant à des fontaines de soda. J'était une fanatique des glaces au chocolat arrosées de caramel. Nos sorties parfois se terminaient en drame. Il suffisait qu'il y ait un NOIR dans les parages pour que ma tante Joy batte en retraite à toute vitesse. Pourquoi ne me permettait-on pas de m'assoir à côté d'une dame noire quand à la maison nous avions une domestique noire que je considérais comme une grande AMIE? Après avoir rejeté mes parents et leur classe, je serais confrontée à l'ÉNORME PROBLÈME DE ME RÉINVENTER ET DE ME RECRÉER. Je ne ressentais aucun sentiment national. Je ne me sentais ni française ni américaine. Une chose me sauva durant ces difficiles années d'adolescence : MA BOÎTE MAGIQUE SECRÈTE ET IMAGINAIRE cachée sous mon lit. Elle était faite d'un précieux bois sculpté, incrusté d'émaux aux riches couleurs. NUL AUTRE QUE MOI POUVAIT VOIR LA BOÎTE. Quand j'était seule je l'ouvrais et il en jaillissait toutes sortes de possons extraordinairement bariolés, de génies, de fleurs sauvages au parfum délicieux. Dans cette boîte qui n'était qu'à moi je gardais mes premièrs poèmes, mes rêves de grandeur. LA BOÎTE ÉTAIT MON REFUGE SPIRITUEL, le commencement d'une vie où eux, mes parents ne pourraient pénétrer. Dans la boîte je déposait mon âme. Je m'entretenais avec elle. Puisqu'il m'était impossible d'avoir une relation profonde avec ma famille, je commencerais à communiquer avec moi-même. De là vient mon éternel besoin de SOLITUDE. C'est dans cette solitude que me viennent les idées pour mon travail. La solitude est aussi nécessaire à ma créaton que l'air à mes poumons. Encore aujourd'hui, Pontus, ma boîte magique est sous mon lit. Je l'ouvre tous les jours. Ma structure, ma colonne vertébrale, mon scelette sont dans la boîte. Parfois elle est remplie de sable, j'ai cinq ans de nouveau, construis des chateaux et rêve de palais. Ma boîte remplace le monde des adultes auquel je me suis habituée avec dificulté et dont je ne suis pas folle. La boîte m'a empêchée de devenir une personne cynique et sans illusion. C'est la boîte de Pandore. Ce qui demeure en elle, c'est l'espoir. Adieu Nana ! PS: ce topic ressemble plus à un "hommage" mais je sais qu'elle n'aurait pas aimé ce mot. Elle qui vomissait la mécanique systématique du patriacat. Comment un homm-age conviendrait-il à une femme ? |
| | Posté le 05-07-2006 à 17:44:32
| Salut Glingal, Merci de nous faire découvrir cette artiste. Je ne la connaissais pas, mais j'aimerais bien visiter ce jardin. Les sculptures ont l'air si colorées, et j'aime bien les petits commentaires qui les accompagnent sur le site. Quand même, je me demande ce que ça fait d'habiter à l'intérieur du Magicien ou de la Papesse ! (je ne voudrais pas habiter dans la Mort, mais d'après la photo elle n'est de toutes façons pas habitable) A bientôt, Sol |
| | Posté le 07-07-2006 à 13:18:04
| ben je suis allé voir le site, j'adore ce style enfin j'avais déjà vu un musée ou il y avait des sculpture de Nicki de St.phalle et de Tinguely. j'admire aussi Tinguely avec ces sculptures animé, machine rigolote fonctionnant a l'eau. d'ailleur il me semble que tinguely et Nicki de St.phalle ont été ensemble un moment donné ou c'était qu'une collaboration artistique.. ensuite j'ai trouvé les oeuvre concernant le tarot plein de joie et de vie même la mort, je ne vois pas de tristesse, plutot de la passion du feu.. encore merci de nous avoir partagé sur ce tarot de sculpture. chat de jade .. |
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