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Solomon Kane |
Delgado a commencé ses recherches en Espagne dans les années trente. A cette époque il travaillait sur la manière de stimuler électriquement le plaisir et la souffrance. En 1965 il fait les beaux jours du New York Times qui relate l’une de ses spectaculaires expériences. Delgado avait fait alors implanter une électrode dans le cerveau d’un taureau de combat et avait demandé à se faire charger par l’animal dans une arène de corrida. Il était parvenu à stopper nette la bête alors qu’elle fonçait sur lui. Ce n’est que plus tard qu’il deviendra responsable du département de neuro-physiologue de l’université de Yale au sein duquel il développera ses expériences initiales. Entre autre il démontrera qu’un vaste échantillon d’émotions et de comportements peuvent être suscités électriquement chez des hommes et des animaux. Et que l’individu n’a aucun moyen de résister à un contrôle de ce type. Dans Journey into Madness, the true Story of secret CIA Mind Control and Medical Abuse (Bantam Books, 1989), Gordon Thomas, ancien producteur de la BBC et journaliste d’investigation, fait état des propos partagés par le docteur Gottlieb et les behavioristes de l’ORD (Office of Research and Development, CIA) avec José Delgado quant à ce jour prochain où la technique sera suffisament au point pour permettre aux animaux, mais surtout aux hommes, de répondre à des sgnaux électriques. Il est décrit que l’ESB (pour Electronic Stimulation of the Brain ou Stimulation Electronique du Cerveau) pourra contrôler la mémoire, les réflexes, les sentiments et provoquer des hallucinations de peur ou de plaisir. Il sera alors possible de manipuler la volonté humaine – à volonté. ( traduit du site http://www.wireheading.com/jose-delgado.html) ![]() Delgado dans l'arène en 1965 Au cours de ces années passées à Yale, l’intérêt de Delgado pour l’ESB va progressivement être transférée vers le domaine des effets biologiques des champs électro-magnétiques. « Des craintes ont jailli que cette nouvelle technologie apporte avec elle la menace d’une question d’éthique relative au contrôle de l’activité cérébrale de l’homme par d’autres hommes mais, ainsi qu’il sera dit plus tard, ce danger paraît assez improbable et est déplacé par rapport aux bénéfices scientifiques et médicaux qu’elle pourrait apporter .», explique Delgado dans son livre Physical Control of the Mind, Toward a Psychocivilized Society (Harper & Row, NY, 1969) « les progrès de l’électronique et la micro-miniaturisation ont tellement évolué que la limite semble davantage biologique que technologique. Nous avons grand besoin de davantage d’expérimentations sur les mécanismes neurologiques liés aux processus mentaux et comportementaux et de perspectives de recherche illimitées avec la promesse d’une compréhension neuve de la pensée et de nouvelles thérapies pour les cerveaux perturbés . » Ce qui m’a frappé dans ce discours, c’est l’enthousiasme de Delgado. Et c’est ce que j’ai retrouvé dans d’autres extraits cités de ses ouvrages. Ca ne cadre pas forcément avec sa fracassante déclaration de 1974 mais ça n’en empêche pas moins que l’homme, que ses intentions soient bonnes ou non, a ouvert la boîte de Pandore. Mais toujours dans ce même livre on trouve également ceci : « Les transmetteurs cerebraux peuvent demeurer dans le cerveau d'un sujet à vie. L'énergie qui actionne le transmetteur est transmise par des fréquences radio. […] L'une des possibilité des transmetteurs cérébraux est d'influencer les gens afin qu'ils se conforment aux systèmes politiques. Les comportements individuels et sociaux, les réactions émotionnelles et mentales peuvent être provoquées, maintenues, modifiées ou inhibées, chez les animaux comme chez l'homme par stimulation des structures cérébrales spécifiques. Le contrôle physique de plusieurs fonctions cérébrales est un fait établi. Il est même possible de suivre les intentions, le développement des pensées et les expériences visuelles . » ( source : http://www.chez.com/clanmdrcs/article/o6.html) Je me permets une fois encore de mettre un bémol. Nul ne sait dans quel contexte a été rédigé ce paragraphe. Tous autant qu’on est on va principalement retenir l’allusion à l’alignement de la pensée à des systèmes politiques. Mais est-ce que Delgado servait une cause ou un régime à ce moment précis sinon celui de la recherche ? Ce qui m’a fait m’interroger sur la véritable personnalité de ce professeur. J’ai trouvé une interview de lui qu’il a accordé à Marie-Thérèse de Brosses dans laquelle son discours est bien éloigné du radicalisme de ses propos quant au fait qu’il est interdit à l’homme de penser par lui-même. « Il est possible de remplacer l'éducation et l'éthique par le biologique : grâce à la connaissance du cerveau, je veux introduire dans l'éducation un nouveau paramètre : bonheur . », raconte-t-il. « Les recherches sur le cerveau sont essentielles car si on connaît les techniques de manipulations, il est plus facile de ne pas se faire manipuler . » Ici Delgado introduit un nouveau concept : le bonheur. Plutôt stupéfiant, m’avouerez-vous ? « La culture résultera de la façon dont nous aurons manipulés les gènes et les idées. […] Que voulez-vous implanter ? Des idées démocratiques ou dictatoriales ? Plus tard, l'enfant pourra choisir, mais au début, c'est vous le responsable. L'éthique biologique est fondamentale, il faut savoir l'implanter, apprendre aux gens à être bons, à avoir de la moralité. […] Selon la biologie, l'être humain obéit à deux motivations : la recherche du plaisir et le rejet de la douleur. En partant de cette base, il faut apprendre aux enfants que le plaisir consiste à ne pas être égoïste mais généreux. […] C'est un système qu'il faut développer en essayant d'améliorer l'individu non pas selon le schéma connu, "sois sage, sinon Dieu te punira", mais "sois bon, et tu seras plus heureux". » ( l’intégralité de cette entrevue est à lire ici : http://www.nouvellescles.com/dossier/Nature_Homme/Bonheur.htm) A la lecture de ces questions-réponses, le professeur Delgado paraît animé de l’honorable volonté de souhaiter contribuer par ses recherches à un monde meilleur. Peut-on le blamer pour ça ? Quelque part oui car si dans le fond, l’intention est louable, dans la forme elle est inacceptable. Car qui peut, quel que soit le pouvoir ou le savoir qu’il détient, déterminer ce qu’est la morale, le bien, le bonheur ? Qui peut décider de ça à la place d’un autre ? D’une manière spirituelle il est bien connu que nous vivons dans un environnement relatif où toute chose dispose de son contraire afin de permettre à l’individu d’expérimenter des notions. Ainsi pouvons nous goûter au bonheur en y opposant le malheur. Et ainsi de suite… Imposer artificiellement le bonheur à un homme c’est immédiatement le priver de son libre-arbitre et par extension le soumettre à un contrôle extérieur. C’est inconcevable… Ainsi finalement peu importe la motivation du professeur Delgado : ses travaux sont dangereux. Et ce type de travaux ne reste jamais dans les seules mains de son géniteur. « Il est nécessaire que les citoyens prennent conscience du danger lié à la recherche portant sur le domaine cognitif, tant de par les conditions d'expérimentation, que de l'usage qui en est fait ou qui en sera fait, car l'un et l'autre mettent les citoyens en danger, et ce danger va se développer de façon exponentielle . » ( J. Abadie ) Dav (texte posté initialement sur http://passe.present.futur.xooit.com/t3142-A-propos-du-Professeur-Delgado....htm) |