Sujet : Le piège de la perspective | | Posté le 15-10-2005 à 13:16:19
| Quand je répète que la cuillère n'existe pas, j'essaie de vous convaincre que l'oeil et la vue ne sont que des signaux électriques prompts à vous tromper dès que l'occasion se présente. Les jours passent et la litanie du "je ne crois que ce que je vois" tient de moins en moins debout. Notre infaillible cerveau peut se planter. Du moins être abusé. Et pour finir par y croire, il va falloir des exemples. La télékynésie en était un. En voici un autre... Avant de démarrer, on va se la jouer science et bien cerner de quoi on parle. Qui connait véritablement le mécanisme de la vue ? Pas beaucoup d'entre nous... Comment c'est fait ? Comment ça marche ? Voici quelques explications préalables tirées du site http://www.sequence3d.com/us_pages/technique/vision-frame.html : " Le sens de la vue comprend le sens lumineux, la vision des couleurs, l'acuité visuelle et le champ de vision où sont appréhendés le détail des choses, la distance à laquelle elles sont vues et le relief. C'est l'œil qui assure le sens de la vue. Il est comparable à une caméra, dont la plaque sensible est la rétine ; la mise au point est assurée par le cristallin ; l'orientation vers le point à fixer, par les muscles oculomoteurs ; la notion de relief et l'appréciation des distances sont dues principalement à la vision binoculaire. Le lenticulaire (anglais: lenticular) restitue à chaque oeil une image différente qui lui est spécifiquement dédié. La rétine, qui joue un rôle essentiel dans la vision, est composée de deux sortes de cellules : les cellules visuelles à cônes et les cellules visuelles à bâtonnets. C'est une question de morphologie, et il est courant de parler simplement de cônes et de bâtonnets. La partie de la rétine composées de cônes est la rétine diurne. C'est elle qui permet de voir les choses d'une façon précise : elle donne l'acuité visuelle ; elle apporte aussi la vision des couleurs. Il existe 7 millions de cônes, localisés surtout dans la partie centrale de la rétine. Les bâtonnets sont plus nombreux : 130 millions. Ils apportent la sensibilité lumineuse et la perception du mouvement ." Voilà pour les détails. Ce qu'il faut ensuite savoir est que la lumière est constituée de milliers de photons bombardés en permance et qui, par réflexion sur la matière, viennent ensuite percuter la rétine. L'information qui en résulte est transformée en signal électrique qui se précipite vers le cerveau afin de permettre à ce dernier de l'analyser, d'en définir la nature, d'y associer une idée ou une forme et ainsi, en un espace de temps de l'ordre de l'infinitésimal, de créer notre réalité ! Splendide !
l'ingénieuse machine visuelle A cela s'ajoute la perception de la profondeur de champ. Là aussi ça se joue en un éclair car l'oeil est capable d'estimer la taille et la position d'un objet dans l'espace. Comment est-ce possible ? En fait ce n'est pas aussi simple que ça et ça ne peut se produire que si l'oeil peut juxtaposer plusieurs autres éléments à l'objet visé. Prenez une étoile dans le ciel : vous la voyez mais êtes vous capable d'appréhender la distance vous séparant d'elle ? Bien sûr que non ! En revanche dans un environnement familier vous disposez de suffisamment d'objets autour de vous pour faire ce genre d'estimation. En randonnée vous n'avez pas de mal à affirmer que le col vers lequel vous vous dirigez est par exemple loin. L'oeil fait appel à la perspective. Cette dernière est probablement la notion la plus vicieuse qui soit car elle fait appel à une association de concepts pour produire une image conforme à celle que se fait l'individu de la réalité. Si vous êtes en mesure d'agir sur la perspective, alors vous êtes à même d'induire le cerveau en erreur et de lui faire voir des choses qui, dans l'absolu, n'existent pas. Pour vous en convaincre, allez voir un peu ce qui se passe sur ce site : http://perso.wanadoo.fr/5sens/oeil/ Pour finir je voudrais vous présenter un artiste singulier. En fait maintenant que j'ai découvert son oeuvre je dirais même que c'est un pur génie. Il s'appelle Julian Beever et il est anglais. C'est un dessinateur de rue pas tout à fait comme les autres. Voici ce qu'il fait : Hein de quoi ? Oui je dois reconnaitre que comme ça ça ne ressemble pas vraiment à grand chose ! Mais ce jeune homme a justement tout compris à la perspective. Car si vous changez votre point de vue par rapport au dessin, vous aurez alors une toute autre idée de ce qu'il représente. Jugez plutôt, en vous mettant du bon côté et voyez à quel point votre oeil vous a berné... ou plutôt devrais-je dire comment le fonctionnement de votre cerveau a été totalement perturbé ! La démonstration était-elle suffisante ? Je vous encourage maintenant à découvrir davantage d'oeuvres de Julian Beever en vous rendant sur son site. Vous serez, pour parler familièrement, sur le cul ! (=> http://www.rense.com/general67/street.htm) A bientôt et rappelez-vous : ne croyez pas tout ce que vous voyez ! Dav |
| | Posté le 04-11-2005 à 23:42:20
| J'ai un autre exemple à évoquer à ce sujet : en me promenant à pied dans une rue à sens unique, et dans le sens inverse de celui de la circulation, j'ai vu un étrange dessin au sol. Il était tôt, donc une fois le seuil du « hein ? » passé, je n'y ai plus repensé. Ce n'est qu'en refaisant le trajet dans l'autre sens que j'ai compris : ce que j'avais vu représentait le symbole "attention : école" incroyablement allongé, pour que les voitures puissent le voir à plusieurs dizaines de mètres de distance. Le symbole était incompréhensible au piéton proche à l'envers, car il était destiné aux voitures éloignées dans le bon sens : si je ne l'avais pas vu, je ne m'en serais pas plus mal porté. Parfois nous nous sentons bêtes car nous n'avons pas vu certaines choses automatiquement, mais peut-être était-ce parce qu'elles ne nous étaient tout simplement pas destinées. |
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