Sujet : l'éloge à la faiblesse | | Posté le 17-08-2009 ŕ 09:10:01
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Alexandre Jollien nous parle de sa vie d'IMC (infirme moteur cérébral) dans un centre spécialisé, où il vécut durant 17 ans. Condamné par tous les spécialistes à y passer sa vie, il va soulever des montagnes pour se hisser dans notre société et trouver son indépendance. C'est au travers de cette réflexion qu'il nous présente son monde. Le "nôtre", il va s'efforcer de le conquérir, envers et contre tout. Il nous livre une fable vécue dans sa chair et dans son esprit que ne renierait pas Monsieur de la Fontaine. Dans le récit de son existence "vouée d'avance à l'échec", il nous conte l'histoire d'un homme qui apprend son métier: vivre malgré tout, progresser même quand la situation est désespérée. La faiblesse est la puissance de l'être humain. Fondamentalement, le livre d'Alexandre Jollien "L'éloge de la faiblesse" est le message d'«être», envers et contre tout, malgré les doutes et les orages. C'est un message d'espoir insensé, sans limites, sans frontières autre que la dimension du coeur. Ce dialogue cru sur la réalité, sur nos instincts de prédateur, m'a fait frissonner l'âme: j'ai senti tous mes efforts pour vivre récompensés. Cet écrit va bien plus loin que les mots, les clichés, les à priori. C'est une ode à la différence, une nouvelle base de mesure pour les sentiments. Quant à la réalité, qui passe du rêve à l'accomplissement: à chacun sa route, à chacun sa croix, même si elle est beaucoup plus lourde à porter que pour le commun des mortels. Alexandre croit en la vie, en l'être humain qui est en nous et en lui. Dans son dialogue avec son prochain, il veut connaître l'homme avec un grand H. Il met à nu ses travers, ceux de ses semblables et de la vie, sans jamais se plaindre. L'histoire d'Alexandre, c'est la course de l'escargot contre le guépard, le gastéropode gagnant parce qu'il a sa maison sur lui. Le lecteur se trouve vissé sur un siège mobile, prisonnier volontaire de l'âme du narrateur. La normalité face à l'émotion, la candeur primaire par rapport aux irrémédiables valeurs communes que nous véhiculons sont omniprésentes dans le récit. Dans ce monde des différences, c'est un grand écart de l'esprit pour les gens normalement constitués physiquement. Sortant enfin du centre spécialisé, après tant d'années, il apprend. Ainsi, la cuisine, le four, dont il ne récolte qu'une croquette bouillante sur dix ! N'importe qui se serait découragé, mais pour lui ce fut une victoire inappréciable, parce que demain, ce serait deux, puis trois. Avec l'hiver et l'entraînement, toutes. Quelle santé, quelle confiance en l'avenir ! Chaque jour, il essaie de battre son record du mille mètres, accroupi sur quatre pattes. Son livre, sa vie, sont le record du monde de l'espoir qui me font penser à la première fois où moi, handicapé en fauteuil roulant, j'ai essayé de monter dans le tram avec ma chaise. Cela représente tellement d'incertitudes sur ces deux marches ; de convictions acquises quand elles sont gravies. Au fil des pages de son ouvrage, il dialogue avec Socrate, s'émeut de "ces derniers qui seront les premiers." Il nous livre avec pudeur ses sentiments et ses ressentiments sur notre société qu'il a décidé de conquérir sans coup férir. Chaque jour, il nourrit toujours plus l'espoir bien illusoire d'être respecté comme les autres. Un exemple significatif dans le livre, lorsque l'auteur nous parle de ses condisciples à l'université: les seuls à l'aider, ceux qui le comprennent le plus, ou qui font l'effort, sont les cancres. Ceux qui se ressemblent au-delà des apparences s'assemblent. Cependant, sans bien connaître les limites du virtuellement correct, les tâtonnements de l'auteur, ses réflexions font qu'au bout du compte on se demande qui est normal. |
copie du texte site http://www.objectifreussir.ch C'est un livre à lire absolument pour voir le monde différemment au lieu de ceux des préjugé. Une capacité de transmutation que peu d'homme ou de femmes soi-disant sans handicaps ne font pas. Arcane |
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