Abraxas | Membre du conseil | | |
| Posté le 19-08-2014 à 11:10:04
| Bonsoir, J’ai fait ce post (remanié ici) pour le forum Equinox, je voulais remettre au cœur de ce que fut l’astrologie, cette relation « temporel » et « spatiale », qui est au cœur des sociétés, des spiritualités, des religions et de la magie, bref de ce que nous sommes en tant qu’Homme. La réponse aux questionnements que cela engendre n’est pas uniforme, aussi bien au niveau temporel que spatial. Le modèle occidental est une simplification d’une complexité protéiforme qui s’étend sur plus de 6000 ans d’Histoire humaine. Résumé cela en un post n’est pas chose aisée, mais je vais tenter de le faire ici. Au moment où j’écris ces lignes, la veille de la saint jean 2014, le soleil vient de se coucher à l’horizon, il a enfin quitté les cornes du taureau qu’il côtoyait déjà depuis plusieurs semaines, et laissant vénus dans le sabots de ce gardien du ciel, il entoure désormais les sandales des gémeaux, et a ainsi rattrapé Jupiter, qui forme actuellement une magnifique ligne avec Castor et Pollux, les deux Dióskouroi ont retrouvé leurs père. A l’autre bout de l’écliptique Antarès palpite au cœur du scorpion, qui de ces pinces semble vouloir attraper saturne, qui s’abrite actuellement dans le signe de la balance, et l’on peut presque voir cette ligne de l’écliptique qui part d’Antarès, passe par saturne, puis par spica, l’épi de la vierge, pour rejoindre mars, puis Regulus, le cœur du lion, et traversant le cancer, cette ligne fini sa course de nouveau vers Jupiter et nos deux jumeaux. http://upload.alloforum.com/11765/C931JL7X Image du ciel le 20 juin 2014 (montage fait à partir de l’application pour Iphone « Night Sky ». On voit bien la "ligne" virtuel qui passe par Antares --> Saturne --> Spica --> Mars. En réalité il ne s'agit jamais d'un alignement "parfait", les planètes n'ont pas des orbites exactement sur le plan de l'écliptique, elles sont toutes légèrement décalé. Le ciel, source de fascination et d’inspiration pour l’humanité. Le ciel, est fascinant, pas seulement parce qu’il nous relie à tous ceux qui ont contemplé le ciel avant nous, et ceux qui nous suivront et prendront le flambeau pour inventer de nouvelles mythologie, mais aussi parce qu’il est une marque fondamentale et déterminante de ce que nous sommes et de notre environnement. Vous souvenez-vous du jour ou vous avez pris conscience de la taille et de la grandeur de l’univers, ou du moins du jour ou vous avez saisi qu’il était insaisissable ? Je crois que pour moi cela a été avec Antarès, peut-être parce que c’est le cœur du scorpion, mon signe tutélaire selon l’astrologie populaire. Cette géante rouge va bien finir par s’illuminer dans le ciel un jour, et il faudra 520 années pour que nous rendions compte que ce soleil qui est plus de 800 fois la taille du notre, est en train de tirer sa révérence devant l’univers. Et toute ces lumières qui illuminent notre ciel sont tous des frères de notre soleil. Le soleil, la lune et les signes du Zodiaque : les marqueurs du temps Ce soleil qui est si important pour nous, rythme notre vie, il rythme les jours, les saisons, les années, il est le « gardien » du temps, et il nous indique aussi par son lever et son coucher, la « direction » du monde dans lequel nous vivons. Comme la nature qu’il garde, il semble naitre et mourir, non seulement chaque jour, mais aussi pour sa mort et sa renaissance le jour du solstice d’hiver. Le soleil est au centre du système solaire, et alors que nos ancêtres croyaient que les planètes naviguaient sur des sphères, ou mêmes des solides réguliers, nous savons désormais que les planètes tournent autour du soleil sur un plan qui est presque aligné. Un peu comme un disque, et c’est la raison pour laquelle toute les planètes se déplace sur la ligne de l’écliptique. Cette ligne c’est la tranche de ce disque sur laquelle nous nous trouvons au cœur de notre système solaire. Pour un observateur terrestre, toute les planètes se déplace le long de cette ligne, même si nous ne pouvons la percevoir que lorsque la nuit tombe, le soleil n’admet la concurrence d’aucun de ces frères à côté de lui. Mais le ciel pourtant semble se déplacer, il n’est pas le même tout au long d’une année solaire, il suit en fait exactement ce cycle solaire, comme si ce qui animait les planètes, le soleil et le ciel, était en harmonie, comme si le principe moteur de toutes choses étaient identique, ce principe moteur qui « animait » le Tout, cette « âme », c’est le « primum mobile », un des principes déterminant de l’astrologie. Mais comment en sommes-nous venus, de cette réflexion sur le mouvement, de ce lien quasi mystique entre l’homme et la nature, à ce système complexe qu’est l’astrologie occidental ? Nos ancêtres les plus lointains vivaient en harmonie avec leur environnement, avec la nature, avec ses aspects physiques et spirituels. Et puis nous avons entamé une procédure de divorce, nous nous sommes sédentarisés, nous avons pensé que nous pouvions domestiquer la nature et le ciel est resté ce marqueur du temps et de l’espace qu’il était, mais en même temps il est devenu très important pour notre subsistance, marquant les saisons et notre vie agricole. En fait aucun mot, aucune phrase n’est assez forte pour expliquer ce « lien » que nous avons, avec la nature, avec le soleil, avec le temps et l’espace, il faut que chacun le découvre, ou plutôt le redécouvre pour lui et en lui. C’est ce lien qui est l’origine de l’astrologie. Il y a fort à parier que de mémoire d’homme, ce lien a toujours existé, et qu’il a toujours était conceptualisé. On en trouve des traces dans toutes les spiritualités, à travers la personnification des planètes qui sont les dieux primordiaux de l’histoire humaine, mais aussi à travers la constance des mythes de mort et de renaissance, qui nous ont amené « naturellement » en une croyance fondamentale de la survivance de la conscience humaine à la mort. Mais les premières traces que nous avons, viennent de la civilisation qui a inventé l’écriture, et ainsi les premières traces de « transmission » de la mémoire, la civilisation mésopotamienne. Pour eux, comme pour nous, le ciel était un marqueur du temps. Mais les mésopotamiens n’avait pas le même système de numération que nous, il comptait sur une base sexagésimal, c’est-à-dire une base 60, nous avons hérité d’eux tout notre système de mesure du temps, des 60 secondes, qui font 1 minutes, au 12 heures qui font une journée et une nuit, au 12 mois qui font chacun 30 jours, tous des multiples de 6. C’est la raison pour laquelle le zodiaque occidental a 12 signes, ce sont les marqueurs des 12 mois de l’année, et le soleil est le curseur sur le calendrier. Alors lorsqu’il notait les événements historiques, eux qui ont inventé l’Histoire, il notait la présence du soleil dans un signe. Et puis pour spécifier encore plus le cycle naturel, il notait également la présence de planètes. Et puis les historiens ont fait un nouveau lien. Les dieux, dans leurs mouvements perpétuels dans le ciel, nous parlaient, si nous pouvions « prévoir »leurs mouvements, alors nous pouvions parler le langage des dieux. Ce sont les premiers « magi » chaldéens, dont la réputation traversera les millénaires. Les calendriers furent souvent solaires ET lunaires, et cela dès la période babylonienne, les « fêtes » spirituelles et religieuses étaient basées sur la position du soleil OU de la lune. Les hébreux, les celtes, et tout un tas d’autres cultures utilisaient un calendrier soli-lunaire , et avec des mois intercalaires et des variations bi voir tri ou quadri-annuel complexe. Seuls les musulmans ont gardé un calendrier religieux totalement lunaire. A l’époque des mésopotamiens, au solstice d’été, par une nuit comme celle que je vis maintenant, les hommes observaient également le ciel, il voyait le soleil quitter le signe du cancer pour entrer dans celui du lion, symbole du feu et de l’été, symbole du soleil à son apogée, puis en juillet il allait rentrer dans le signe de la vierge, symbole de notre mère nature et des moissons, et « spica », l’épi de blé, marque encore comme un message du passée, ce « lien » que nous avons perdu. Les quatre signes fixes, les gardiens du ciel. Le taureau était le signe de la fécondité de la nature renaissante de l’équinoxe de printemps, le lion donc, le fier souverain de l’été et de la chaleur, le scorpion de son dard annonçait la mort de la nature, et le verseau, la grande figure « EA » ou « Enki » pour les sumériens, le démiurge, maitre des magiciens, gardien des eaux, de la sagesse et des arts, était celui qui au solstice d’hiver allait faire renaitre le soleil. Ce sont les 4 signes fixes, les gardiens du monde célestes, ceux qui sont les maîtres des saisons et des éléments. « Ils » se retrouvent quasi-systématiquement sous une forme ou une autre, dans la quasi-totalité des rites magiques, soit sous leurs formes de gardiens des éléments, ou sous leurs formes de gardiens du trône céleste. Ce sont eux qui ont donné la personnification des évangélistes et des Chérubims, des Chayot Hakadosh du trône d’Ezéchiel, et qui donneront également les quatre archanges (voir à ce sujet la publication du forum sur le rituel du pentagramme). Mais en ce soir du solstice, ce n’est plus le lion qui est le gardien de l’été, c’est les gémeaux. Car l’axe de la terre bouge et décrit un petit cercle, mais pour faire un tour complet il a besoin de presque 26.000 ans. Et toutes les 2160 années le soleil se déplace d’un signe dans notre calendrier zodiacal. 4000 ans en arrière donc, à l’époque mésopotamienne, le zodiaque était déplacé de deux signes. Et aux alentours de la naissance du christ il était d’un signe. Ce phénomène de décalage on l’appel, la précession des équinoxes. « Notre » zodiaque occidental, n’est pas absolu, nous connaissons au moins deux autres zodiaques qui sont totalement différent. Le zodiaque chinois, qui est également divisé en 12 signes, mais qui ne sont pas les mêmes découpages, et le zodiaque mésoaméricains qui lui est divisé en 20 signes. On peut déjà en conclure que ce découpage du ciel est arbitraire, qu’il dépend de la culture de chacun et qu’il ne représente pas un référentiel absolu. L’astrologie basé sur ce zodiaque occidental est né en Mésopotamie, puis elle fut transmise dans le monde, on en retrouve ensuite des traces en indes, puis en Grèce, et cette connaissance fut ensuite transmise dans l’Egypte hellénistique, avec l’avènement du christianisme, les premiers pères de l’église condamnèrent l’astrologie qui allait à l’encontre du dogme chrétien, elle ne survécu qu’en inde, et pour ce qui est de l’héritage grec, grâce aux peuples arabes, puis elle fut réintroduite en occident entre le Xème et XIIème siècle pour devenir par la suite une « science officiel », jusqu’au découverte de newton et Copernic, qui remirent en cause fondamentalement les postulats de bases de cette astrologie. Et au XVIIème siècle elle fut interdit puis tomba totalement en désuétude ne survivant qu’au sein de société secrète par la richesse de son symbolisme. Histoire chronologique de l’astrologie : De -3500 au VIIème siècle avant JC, la Mésopotamie voit plusieurs peuples évolués en son sein, les sumériens, les assyriens puis les babyloniens, de cette période nous avons surtout des relevés, pas toujours précis, pas toujours régulier. L’astrologie « prédictive » se développe surtout à l’époque des chaldéen, c’est-à-dire aux alentours du VIème siècle avant JC jusqu’au IIIème siècle avant JC. Elle est basé sur des méthodes qu’on pourrait appeler « au petit bonheur la chance », leurs calculs prédictifs sont imprécis si ce n’est farfelus, pour autant pas toujours faux, si on se plaçait dans une limite de temps restreinte, car basé sur des données historique de relevés astronomiques. Puis viens Alexandre le grand, à sa suite on verra la mort définitive de la culture et de l’héritage babylonien, qui disparait aux alentours du Ier siècle avant JC. Mais les conquêtes d’Alexandre le grand sont aussi l’occasion pour les grecs de découvrir et d’accumuler cette connaissance astronomique et astrologique. Dès le IIème siècle avant notre ère, les grecs récupèrent donc cette connaissance chaldéenne, et sur la base de leurs relevés développent véritablement l’astrologie telle que nous la connaissons, avec en premier lieu Hipparque, puis Ptolémée. Pour les grecs de l’antiquité, les corps célestes sont « animés » par la même force que ce qui anime l’ensemble de la nature, les changement d’état, de la naissance à la mort, de tout ce qui existe sur le plan terrestre, est vu comme venant de la « force », du « principe », qui anime toute choses, c’est le « primum mobile ». A des considérations purement astronomiques, les grecs vont rajouter des concepts philosophiques et une base « scientifique ».Car les grecs sont également de grand mathématiciens, Ptolémée entre autre perfectionnera les méthodes de calculs du positionnement des planètes, il va inventer littéralement l’astrologie mathématique. Il le fait en prenant comme point de départ l’équinoxe de printemps, avec à son époque le bélier dans le soleil, Ptolémée connait le phénomène de précession des équinoxes, il l’estime cependant de manière incorrect, l’ensemble de ces tables, qui seront utilisé par pratiquement tout le monde jusqu’à Copernic, sont fausses, c’est son modèle qui va devenir plus tard l’astrologie que l’on appelle aujourd’hui « astrologie tropical ». Quand on parle d’un signe astrologique dans un journal de nos jours, c’est, le plus souvent basé sur une table de calcul de Ptolémée, qui date donc de plus de 2000 ans. Son modèle, puisqu’il n’est pas basé sur des calculs exacts, va subir un lent décalage qui va créer cette « dé-corrélation » d’avec les phénomènes observables. En plus de se baser sur une modélisation incorrecte, car géocentrique, Ptolémée est une des illustrations antiques célèbre de biais cognitif typique de l’humanité et qui s’illustre souvent en science, le biais de confirmation d’hypothèse, il n’a ainsi récupérer de ceux qui l’ont précédé, que ce qui cadrait avec son propre modèle. A la fin de l’antiquité, le christianisme réprouve l’astrologie, au IVème et au Vème siècle des édits impériaux la condamne. Entre autre, Saint-Augustin, père de l’église et un des auteurs qui aura le plus d’influence sur le moyen-âge, la condamnera vivement, parce qu’elle s’opposait alors au dogme du libre arbitre et de l’omnipotence divine. Cette condamnation, s’adresse principalement à l’astrologie dite « judiciaire », c’est-à-dire l’astrologie prédictive. Elle ne remet cependant pas en cause une influence des astres, comme par exemple celle qu’on peut observer sur les marées ou les animaux. On fait usuellement une distinction entre l’astrologie donc judicaire et l’astrologie dite « naturelle », l’astrologie naturelle est celle du référentiel médical, de l’étude de l’influence des astres sur les phénomènes terrestre comme la météo ou les marées, et sur les animaux et les plantes. La première a toujours été critiqué, depuis les grecs jusqu’aux penseurs modernes, la deuxième n’a pas souvent été remise en cause avant la déchéance de l’astrologie, et c’est cette dernière qui survit encore aujourd’hui dans les référentiel magique, en particulier pour ce qui concerne les correspondances, et tout particulièrement celles des plantes (je renvois ici à la publication du forum sur les plantes magiques, qui explique cela en détail). Les peuples arabes s’approprient le corpus grec dès le VIIème siècle après JC, ils y rajouteront de nouvelle observation astronomique, et des éléments venant des indiens et des perses. Un grand astrologue Arabe, Abumasar, s’intéressa tout particulièrement au phénomène de conjonction planétaire, il utilisait des tables d’éphémérides d’origine indienne, mais qui n’était pas correct. Les astrologues arabes, utilisait également des valeurs moyenne pour la vitesse des planètes, qui n’était pas correct non plus. Ils continuèrent parallèlement à développer une astrologie, basé sur Ptolémée, et qui donc subissait un lent décalage d’avec la réalité, et de l’autre une astronomie véritable. On trouve également des savants arabes qui réfutent l’astrologie, pour les mêmes raisons théologiques que les pères de l’église chrétienne, mais aussi parce qu’on a commencé à se rendre compte du décalage entre astrologie et astronomie véritable. On peut entre-autre citer Averroès et Avicenne, qui condamnèrent l’astrologie, les arabes connaissait au moins dès le XIIIème siècle le phénomène de précession des équinoxes. Parallèlement, en occident du VIème au XIIème siècle on est sur une période avec une quasi-inexistence de l’astrologie. Puis, dans le courant du XIIème siècle l’occident redécouvre l’astrologie, et aussi l’héritage grec, incluant entre autre également Dioscoride et Aristote, grâce à la traduction des textes arabes, réalisé principalement en Espagne. Les traités les plus influents sont alors le Tetrabiblos de Ptolémée, et l’ Introductorum maius d’Albumasar. Du XIIème siècle au XVII siècle c’est l’essor de l’astrologie, avec des auteurs marquant comme Albert le Grand, Roger Bacon. L’astrologie entre à l’université, les astrologues sont à la cours des puissants, elle est cautionné à cette époque par l’église. A la renaissance, des auteurs, comme Marcel Ficin, condamneront l’astrologie judiciaire, tout en développant une conception d’astro-magique. Pic de la Mirandole, écrivit quant à lui un traité entier contre l’astrologie judiciaire, le Disputationem adversus astrologiam divinatricem . L’astronomie se développe et on commence à assister déjà à une différenciation entre les deux disciplines, malgré l’omniprésence de cette dernière, Copernic, propose le modèle Héliocentrisme et la précession des équinoxes, cela remet fondamentalement en cause le modèle astrologique. Galilée invente la lunette astronomique et défend le modèle copernicien (avec les conséquences qu’on connait), on améliore les observations et les calculs, on commence à remettre en cause le modèle antique. Tycho Brahe parlera de « fraude », en critiquant le modèle de Ptolémée, et quand il mourut, et que Kepler du prendre sa place comme astrologue d’état, ce fut certainement en poussant un long soupir. Pour parachever la mise à mort des concepts de bases qui sous-tendent à l’astrologie, Newton, montre que la vision antique du « primum mobile » n’est pas vrais et que ce qui anime les planètes c’est la force de gravitation, c’est la mort d’un des principes d’explication scientifique, hérité d’Aristote, qui fut fondamental de l’astrologie. Newton en décrivant les principes dynamiques des planètes, permet le calcul de tables d’éphémérides exacts, on se rend compte alors, que la quasi-totalité de tables préexistantes sont fausses. Descartes nous fait consommer totalement le divorce naturelle, et nous fait entrer de plein pied dans l’ère matérialiste de la science, le « vrais » devient ce qui est quantifiable, mesurable, le spirituel va mourir à petit feu. En 1666 Colbert supprime l’astrologie de l’enseignement officiel, les almanachs sont interdits d’impression en France, puis en Allemagne, la curie romaine interdit à la même époque la publication des livres d’astrologie, on passe de nouveau dans une période d’interdit. Elle survécut au sein des sociétés secrète, de par la très grande richesse de son symbolisme, mais aussi son lien avec l’hermétisme, et réapparu avec le revival occultiste du XIXème siècle. On ne devait redécouvrir cependant l’astrologie sidérale qu’en 1944 en France… Au cour de son voyage jusqu’à nous l’astrologie a beaucoup perdu. Une des sommités de références dans l’astrologie occidentale reste donc Ptolémée, dont la connaissance et les textes furent passés au Arabes qui nous la transmirent, et en particulier à travers son Tetrabiblos qui reste la « bible » des astrologues. Ptolémée décrivait le ciel comme il était à son époque c’est-à-dire il y a plus de 2300 ans. Lorsque l’astrologie passa chez les arabes ces derniers s’enfermèrent dans une vision abstraite de l’astrologie qui se dé-corréla donc de l’astronomie réel, c’est ce qu’on appelle le zodiaque tropical, c’est-à-dire un zodiaque et une astrologie qui font comme si nous étions encore sous Ptolémée. La perfection mathématique des grecs, puis des arabes, entraina également de nouvelles subdivisions, et une vision d’un ciel parfaitement découpé en 12 signes de 30° chacun et en 36 décan de 10° degré chacun, et à l’intérieur de ce référentiel se développa en parallèle une astrologie lunaire et une « astromagie » basé sur les planètes et le zodiaque. Toujours dé-corrélé de la réalité du ciel. De ce positionnement dans l’espace et dans le temps, l’homme a développé en plus de 4000 ans une science qui n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle était à l’origine, et dont les buts n’avait également plus rien à voir avec ce qu’elle était au départ. Aujourd’hui l’astrologie est souvent vu comme une discipline « essentiel » voir « fondamental » de la magie, et pourtant les auteurs qui nous précédent et dont nous nous inspirons dans notre magie occidental, ne levait plus depuis longtemps leurs yeux vers le ciel. Alors si nous voulons renouer avec le « vrais » sens de l’astrologie, si nous croyons qu’il s’agit d’une science naturelle, alors nous pourrions sans problème jeter l’ensemble des ouvrages sur le sujet à la poubelle, non pas parce que l’on pense qu’il se trompe, mais simplement parce que de tous les enseignants que nous pouvons avoir, il n’y en a pas de meilleur que la nature. De l’opposition du modèle sidéral et du tropical En astrologie occidental, on a donc deux modèles, le premier est une astrologie dite « sidérale », c’est l’astrologie des indiens, elles se basent sur la réalité astronomique, de l’autre l’astrologie « tropicale » est basé sur le modèle zodiacal à l’époque de Ptolémée et ne prend pas en compte la réalité astronomique. Notons au passage que l'astrologie lunaire est "sidérale", elle l'est toujours. Cela est d'ailleurs "cocasse" quand on lit chez Agrippa qu'Aldebaran se situe dans la constellation des gémeaux (astrologie tropicale) dans sa vision "solaire" de l'astrologie OU dans le taureau (ce qui est correct) dans l'astrologie lunaire. Alors pourquoi ce modèle dit de l’astrologie tropicale s’est-il imposé ? On le voit c’est un long processus. Il est du à deux facteurs principaux : Le premier c’est la difficulté de calculer des tables d’éphémérides, celles de Ptolémée ont acquis pendant l’histoire une certaine renommé et ce sont elles qui sont devenues un standard, le décalage n'a pas tout de suite été perceptible, il est devenu juste de plus en plus évident, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus renier la réalité, mais il y a eu en parallèle toute une période d'obscurantisme dogmatique avant la renaissance qui a empêché aussi cette évolution naturelle. Le deuxième c’est le développement des mathématiques et de l’abstraction du calcul face à l’observation, il m'est personnellement désormais pénible de discuter d'astrologie avec quelqu'un qui n'est pas capable de repérer une constellation zodiacale dans le ciel, et pourtant c'est chose courante, puisqu'on est toujours, pour l'astrologie tropicale dans une abstraction mathématique, et cela n'empêche absolument pas une majorité de la population d'y adhérer. La majorité des astrologues se reposent sur des logiciels de calculs spécialisés et n’observent plus le ciel. L’astrologie tropicale reste le modèle dominant, libre à chacun de suivre ce modèle après tout, beaucoup de personnes y croit dur comme fer et ont des arguments en faveur de ce modèle qui peuvent être terriblement pertinent, c’est à chacun de se construire sa vérité. Si on exclue l’effet barnum, on peut considérer qu’il n’est pas important de savoir exactement si le signe correspond bien à la réalité, pour autant que cela marche, c’est également une position dominante de justification de l’astrologie voir de beaucoup de pratiques ésotériques. On peut ouvrir un débat spécifique sur le sujet entre astrologie tropicale et astrologie sidérale (c’est presque un troll classique sur le sujet dans les forums éso), les partisans de l’astrologie tropicale diront que ça n’a pas d’importance, que cela correspond tout de même à « une » réalité, et ils n’auront pas totalement tord…. On oppose d’ailleurs souvent à une démonstration rationnelle et argumentée, qui tente d’expliquer qu’il y a erreur dans l’analyse causale, voir confusion entre causes et effets, simplement que « ça marche », c’est l’argument massivement utilisé pour justifier tout un tas de pratiques ésotériques. A la fin, chacun est libre de « croire » ce qu’il veut, je pense personnellement comme le disait Aristote que la sagesse est fille du doute, et qu’il ne faut pas s’enfermer dans des conceptions dogmatiques, d’un côté comme de l’autre de la barrière rationnelle. Si l’histoire de l’astrologie grecque vous intéresse, je vous conseille la lecture de l’excellent livre de Bouché Leclerc, car c’est un ouvrage qui a fondamentalement changé ma manière de voir l’astrologie (de même que Berthelot a changé ma manière de voir l’alchimie, mais ça aussi c’est un autre débat). Ce livre est actuellement libre de droit : https://archive.org/details/lastrologiegrecq00boucuoft C’est un universitaire, donc il n’est pas tendre avec l’astrologie :
Citation :
Il ne fallut pas beaucoup plus d'un siècle pour transformer l'astrologie orientale en astrologie grecque, celle-ci infusée dans celle-là et gardant encore, comme marque d'origine, le nom de « chaldéenne » ou égyptienne. C'est que, introduite dans le monde grec par le prêtre chaldéen Bérose, vers le commencement du IIIème siècle avant notre ère, l'astrologie orientale y trouva un terrain tout préparé par une lignée de précurseurs. Elle prit racine dans une couche préexistante de débris intellectuels, de doctrines hâtivement édifiées, rapidement pulvérisées par le choc d'autres systèmes, et qui, impuissantes à asseoir une conception scientifique de l'univers, s'accordaient pourtant à reconnaître certains principes généraux, soustraits à la nécessité d'une démonstration par une sorte d'évidence intrinsèque, assez vagues d'ailleurs pour servir à relier entre elles les parties les plus incohérentes de l'astrologie déguisée en science. Bouché-Leclerc - L'astrologie grecque (1899), Page 2 |
Il y a dans mon explication de cette déchéance astrologique, un point fondamental, et ce n’est pas newton, c’est la pensée de Descartes, c’est le matérialisme scientifique, ce paradigme est devenu tellement dogmatique qu’il empêche parfois les sciences de s’imaginer autrement que dans le domaine matériel. Hors on commence depuis quelques soixantaine d’année à se rendre compte que ce qui révèle de la conscience (domaine typiquement illustratif), ne peux plus s’appréhender dans le seule paradigme matérialiste. Nous allons assister à un moment ou à un autre à un vrai saut du paradigme scientifique, ça me parait personnellement une évidence et une nécessité, mais c’est un autre débat… Grüssi Abra
-------------------- Carita bene ordonata incipit a se met ipso |
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