Sujet : Multiples facettes du taoïsme | | Posté le 14-02-2014 à 00:05:35
| Ce qui est passionnant est le développement d'un 'système' qui tente de relier tout à tout. C'est ainsi que je perçois le taoïsme. - facette médicale: plantes, énergies des organes, trajets (méridiens des acupuncteurs), comment les déséquilibres se propagent d'un 'organe' à l'autre. Compréhension du fonctionnement du corps humain (jing-chi-shen) - facette "psychologique": chaque organe est lié à une émotion - facette "cycle cosmique": chaque organe est profondément relié à une saison, mais aussi à une période de deux heures de la journée - chaque organe est lié à une couleur - facette énergétique - martiale: kung-fu (art de combat externe); Taï-Chi (art de combat interne) - facette divinatoire: le Yi-King et les 64 hexagrammes - facette érotique-subtile: les transformations du jing en chi et du chi en shen. - facette architecturale: le feng-shui J'en oublie sûrement... Personnellement, j'estime qu'il vaut mieux faire une ou deux choses à fond parce qu'elles nous invitent à le faire (mystérieusement) que de toucher à tout superficiellement. De 1996 à fin 2006, j'ai pratiqué quotidiennement entre 2 et 5 heures par jour selon l'enseignement martial d'une école de Taï Chi. De 2007 à 2013, c'est la facette médicale qui a pris toute mon énergie: voulant incarner dans le mariage (et les enfants) la suite de ma vie, assumer tout ça a amené des déséquilibres (salvateurs) qui ont demandé des pratiques médicales. Maintenant il se passe ceci (en tout cas pour ce qui me concerne, mais je le crois vrai pour chacun): lorsqu'on s'enracine profondément dans une pratique et qu'on y met tout son coeur dans cette quête, et ainsi quotidiennement pendant de nombreuses années (10 pour moi), persévérant contre vent et marrées, brisant le découragement, ne tenant pas compte des douleurs, continuant même lorsqu'on n'y comprend plus rien (les demandes du 'maître' par exemple) et que tout l'enseignement semble soudain absurde et pesant, mais en continuant malgré tout... alors un jour, soudain, quelque chose d'inoui se passe, impossible à décrire. Soudain on est connecté à TOUT. Ce que l'on rêvait d'atteindre est présent, là. Et était toujours là, mais comme voilé, protégé, caché. Le Grand Trésor. Une Porte est franchie, mais je vous assure que l'assumer par la suite n'est pas facile... au point qu'on a ce paradoxe: avant l'Eveil (comme on dit) on tend vers lui de toutes nos forces, de tous nos espoirs, de toute notre volonté, de tous nos désirs... et après, on est à la limite de regretter que "la Porte se soit ouverte", car on perçoit plein de choses que personne d'autre (ou presque) ne ressent, bref il s'agit de continuer à vivre mais en assumant des dimensions... très spéciales. Ceci est mon premier message sur ce forum. - facette ritualiste: [EDIT Abra: ajout sujet liés (en haut à gauche), majuscule titre. Pour info tu peux éditer ton message pour le compléter par la suite (et enlever mon EDIT]
Edité le 21-02-2014 à 11:27:49 par Abraxas |
| | Posté le 19-02-2014 à 21:18:27
| Poser un pied sur le seuil du sacré fait entrevoir l'union entre toutes choses. Cependant, cela dépasse toute détermination, toute formulation, toute manifestation concrète. J'aurais plutôt tendance à penser que cette expérience détruit la forme et nous introduit au subtil. Nous prenons conscience de l'unité parfaite. Je pense dès lors que le Tao peut y mener, comme beaucoup d'autres systèmes qui privilégient l'équilibre, la vie et la vérité. Que le Tao émane d'une démarche sincère d'unification de toutes les disciplines connues, qu'il propose un système totalitaire, ne m'apparaît pas comme une nécessité au Dévoilement. N'est-ce pas le décloisonnement mental et le meurtre rituel de l'Ego qui est la clé de cette porte étroite ? |
| | Posté le 22-02-2014 à 21:49:27
| Je me permets de revenir sur cette expérience pour mettre en évidence les points qui peuvent être à l'origine du déclic. La constance dans l'oeuvre soutenue par une conviction profonde qui invite au dépouillement mental. Sur la constance dans l'Oeuvre
Nicolas a écrit :
j'estime qu'il vaut mieux faire une ou deux choses à fond parce qu'elles nous invitent à le faire... |
Rien de beau n'émerge sans ouvrage. Aucun ouvrage ne se fait sans peine. Peu de peine méritent de s'être infligée, sinon celles qui précèdent au beau. L'attente d'un résultat rapide et perceptible est néfaste pour L’œuvre. Certains maîtres diront que l'attente de résultat est à elle seule délétère. Car la seule volonté n’est pas souveraine en ce domaine. Le cheminement est long, délicat, difficile, exigeant, harassant. Sans constance, l’adepte s’arrête rapidement sur le bord de la route. Il prend son soulagement pour la quiétude de l’aboutissement. Pourtant la route est longue encore et il l’a déjà oubliée. Soucieux de sa tranquillité, il abandonne ses formidables espérances. Et se persuade que sa condition n’est pas si mauvaise. Sur la conviction profonde
Nicolas a écrit :
lorsqu'on s'enracine profondément dans une pratique et qu'on y met tout son coeur dans cette quête, et ainsi quotidiennement pendant de nombreuses années (10 pour moi), persévérant contre vent et marrées, brisant le découragement |
Sans conviction, qu’est-ce que mon acte ? Un geste maladroit qui n’aboutit sur rien. Si je ne crois plus en sa pertinence, pourquoi devrais-je encore le réaliser ? La conviction profonde, la foi, dépasse le seul calcul rationnel. Sa force ne s’explique pas, elle dépasse notre propre entendement. Croire sans garantie nous apparaît parfois comme un pari risqué. Pourtant, nous pouvons pressentir certaines choses comme véritables. Les rejeter comme aberrations, les nier comme illusions, les éviter comme syndromes Ne nous rendra jamais plus heureux, plus accomplis, plus sûrs, plus justes. Il faut embrasser nos ressentis, aller jusqu’au corps-à-corps. Lutter avec eux pour les faire sien ou à jamais les expulser. L’important est de toujours avoir la foi en ce que l’on fait. Le doute existe pour nous inviter à réfléchir notre démarche. Mais pour celui qui oeuvre au beau, jamais il n’est un fardeau. Sur le dépouillement
Nicolas a écrit :
continuant même lorsqu'on n'y comprend plus rien (les demandes du 'maître' par exemple) et que tout l'enseignement semble soudain absurde et pesant |
Notre conviction profonde est parfois suffisante pour atteindre le seuil de l’Éveil. Mais pour mettre un pied dans la chambre du Maître intérieur, il est nécessaire de se mettre à nu, de se dépouiller entièrement. Aucune certitude ne reste, aucun savoir ne sauve, toute croyance est annihilée. Le cheminement porte en lui cette nécessité du dépouillement. Parfois il s’invite, parfois il s’impose. Mais toujours, nous devons rejeter nos convictions, anciennes, usées, fragiles, inutiles. Car rien de neuf ne peut coexister avec l’ancien. Le cheminement est en cela un paradoxe, puisqu’il nécessite à la fois la conviction et l’absence totale de considérations. Cela tient dans ce que l’Illumination, brève, intense, bouleversante, inacceptable, dépasse tout schéma préétabli et surprend toute logique. En cela nous reconnaissons son caractère unique. La révélation vient à nous de l’extérieur, d’en-dehors. Elle s’impose comme la seule évidence, la seule vérité.
Edité le 22-02-2014 à 22:01:58 par Trotmany |
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